Mais je fais quoi du corps ? by Olivier Gay

Auteur:Olivier Gay [Gay, Olivier]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction, Mystere, Thriller, Suspense, Thrillers
ISBN: 2702440347
Éditeur: Le Masque
Publié: 2014-01-02T23:00:00+00:00

14

Le lendemain, ce fut l’alarme d’un téléphone qui me réveilla. Je grognai et me retournai dans mon lit. Ma main alla se poser sur une épaule familière, et je caressai doucement la peau sous mes doigts.

— Oh, mec, faut que t’arrêtes, protesta Moussah.

Soudain réveillé, j’ouvris les yeux pour découvrir le colosse allongé à côté de moi. C’est vrai que Deborah m’avait fait la tête une partie de la soirée, et avait tenu à prendre le lit solitaire. Je dissimulai mon embarras en toussant.

Nous étions mardi, et j’étais toujours en vie. Un bon début de semaine, comme je les aimais. J’avais eu du mal à m’endormir mais, maintenant que je connaissais l’identité de mon adversaire, je reprenais du poil de la bête. Il était haut placé dans une multinationale, et alors ? J’étais Fitz, et ma bonne étoile me protégerait toujours.

Moussah utilisa la salle de bains, puis Deborah. Ils devaient partir travailler. Je les sentais embarrassés de me laisser ainsi, mais c’est moi qui le leur avais demandé. Ils ne pouvaient pas veiller sur moi en permanence, et j’avais de toute façon beaucoup de travail aujourd’hui.

J’embrassai Deborah sur la joue, effaçai d’une accolade virile mon tripotage de Moussah, et les regardai partir avec le vague à l’âme.

— Faites gaffe, ouvrez l’œil au boulot, hein. Je voudrais pas qu’il vous arrive quelque chose.

Nous nous retrouverions ici ce soir vers vingt heures, et je leur offrirais un bon restaurant. Je leur devais bien ça.

La chambre d’hôtel semblait bien calme après leur départ. J’aurais aimé me rendormir et compléter ma grasse matinée habituelle, mais le temps continuait à m’être compté. Commençons par l’essentiel : récupérer un téléphone portable.

Je sortis de l’hôtel sous un beau soleil, et rabattis en grimaçant mes lunettes sur mon nez. J’avais beau avoir l’habitude de l’ostentation des Champs-Élysées, je ne pus qu’admirer le dépouillement lumineux de la place Edgar-Quinet. De la verdure, des magasins, des cafés, des théâtres… Les terrasses étaient pleines à craquer malgré l’heure matinale. Je m’arrêtai un instant pour profiter de la quiétude de l’endroit et commandai une crêpe au nutella au coin de la rue d’Odessa. Le chocolat me coula sur le menton.

Je descendis jusqu’à la rue de Rennes et cherchai le magasin Phone House. À cette heure, il n’y avait personne dans la boutique. En quelques minutes, je récupérai une carte Virgin Mobile prépayée compatible avec mon téléphone, et je remplaçai la carte SIM.

Ce fut avec une certaine émotion que je rallumai mon portable. Jérôme Sultan disposait sans doute de moyens impressionnants pour me traquer, mais il ne pourrait rien faire contre une carte sans abonnement, sans coordonnées ni trace. Du moins l’espérai-je.

La plupart de mes contacts étaient conservés sur mon téléphone et non sur mon ancienne carte SIM, je récupérai donc la quasi-intégralité de mon répertoire. Ça tombait bien, j’avais un premier appel à passer en urgence. Je pris une grande inspiration, me préparai aux objections que j’allais sans doute essuyer, puis lançai la communication.

Ça sonna une fois. Deux fois. Puis :

— Bonjour, Howard Dumont à l’appareil.

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