Mafia calabraise, les dix commandements by Gratteri Nicola & Nicaso Antonio

Mafia calabraise, les dix commandements by Gratteri Nicola & Nicaso Antonio

Auteur:Gratteri,Nicola & Nicaso,Antonio [Gratteri, Nicola & Nicaso, Antonio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: crime organisé, Calabre, 'Ndrangheta, Mafia, Témoignage / Faits Réels
Éditeur: Groupe Express
Publié: 2013-06-26T22:00:00+00:00


Aujourd’hui, les ’ndrine adoptent de plus en plus le modèle entrepreneurial des groupes mondialisés, au grand dam de ceux qui, il n’y a pas si longtemps, soutenaient que la mafia calabraise était très arriérée. En réalité, les ’ndranghetistes ont été les premiers à comprendre l’importance des stratégies économiques mondiales, alors que l’on ne parlait pas encore de « globalisation » des marchés, et il y a longtemps qu’ils sont implantés en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en France, au Royaume-Uni, au Canada, aux États-Unis, en Argentine, au Venezuela et en Australie. Ils ont suivi les flux de l’émigration calabraise et se sont maintenant lancés à la conquête de marchés plus lucratifs, comme le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. Pour eux aussi les fameux Brics sont devenus une priorité. Au Brésil, ils font des affaires avec les anciens banqueiros (boss des jeux de hasard), mais aussi avec les représentants d’organisations criminelles majeures6, investissant dans le bâtiment et le trafic de drogue et essayant de saisir toutes les occasions offertes par la Coupe du monde de 2014 et les jeux Olympiques de 2016. En Inde et en Chine, ils sont à l’affût d’opportunités commerciales grâce à l’appui de professionnels qui sont aux antipodes du mafieux brutal, sale et méchant des clichés véhiculés par la télévision.

L’argent à investir ne manque certes pas, surtout pendant les crises, et en l’absence d’une jurisprudence capable de suivre à la trace les énormes capitaux mafieux et de dénicher les coffres-forts du crime où la finance internationale peut puiser à pleines mains. Giorgio Basile, un ancien affilié qui a vécu en Allemagne, explique aux magistrats allemands : « La ’ndrangheta est de plus en plus propre. » Propre, car un nombre croissant d’activités légales sont développées grâce à l’argent sale, celui de la drogue et du crime. Par exemple, au Canada, de très puissants entrepreneurs ont réussi à barrer la route à leurs concurrents en s’appuyant sur des clans très violents. Quelques-uns parmi ceux qui prétendaient leur résister et refusaient de baisser les bras ont été brutalement agressés et se sont retrouvés en fauteuil roulant.

L’argent sale et les revenus légaux se mélangent de plus en plus, et il devient extrêmement difficile de faire la distinction entre capitaux mafieux et capitaux sains, d’autant plus que les lois punissant cette confusion des genres brillent par leur absence. Revenons au Canada : il n’y a pas moins de neuf locali dans le pays, et le délit d’association de malfaiteurs n’existe tout simplement pas en tant que tel. La loi n’indique qu’une simple circonstance aggravante de délits et punit la participation à des activités criminelles, mais pas l’affiliation proprement dite, contrairement à l’article 416 bis du Code pénal italien. Poursuivre les capitaux mafieux devient donc particulièrement ardu. Est-ce un hasard si l’on arrive à saisir 20 % de la drogue circulant dans le monde entier et moins d’1 % des fonds brassés par les mafias internationales ?



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