MacGregor 04 Le secret des MacGregor by Nora Roberts

Auteur:Nora Roberts [Roberts, Nora]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Drame et amour
Éditeur: Harlequin
Publié: 2012-03-03T01:38:18+00:00

7.

Cette fois, c’était une certitude : elle était sur le point de perdre la lumière dont elle avait besoin pour peindre.

Gennie posa un regard furieux sur les nuages qui envahissaient rapidement le ciel par le nord. Le temps était très nettement en train de se couvrir. Et tôt ou tard, il lui faudrait ranger ses pinceaux et ses tubes et se replier en toute hâte vers sa voiture avec son matériel sous le bras. Juste au moment où elle avait trouvé le rythme, la précision du geste, l’adéquation de l’esprit et de la pensée.

L’inspiration en somme.

Son instinct d’artiste lui soufflait qu’elle était sur le point d’aboutir – de franchir un grand pas. Elle n’avait qu’à se laisser porter pour que sa créativité trouve sa pleine expression.

Et voilà que la météo jouait contre elle.

Gennie estima qu’il lui restait une demi-heure tout au plus avant que le soleil ne soit oblitéré par les nuages. Une heure maximum avant l’arrivée de la pluie. Déjà, le grondement lointain de l’orage se faisait entendre, couvrant à peine le fracas des vagues venant se briser contre la falaise.

– Tant pis, murmura-t-elle entre ses dents serrées. J’y arriverai quand même.

Alors qu’elle avait commencé son tableau de façon presque. tâtonnante, elle sentait que ses gestes trouvaient enfin leur fermeté, leur ampleur. Tout ce qu’elle avait accompli jusque-là n’avait été qu’une préparation – une mise en jambes. Mais aujourd’hui l’ébauche allait devenir œuvre.

Gennie était dans un état de tension si forte que des frissons brûlants lui couraient à même la peau. Le vent forcissait, soulevant des vagues puissantes au dos vert hérissé d’écume.

A croire que la tempête qui faisait rage en elle était à l’image de celle qui se préparait à l’extérieur. La veille au soir, déjà, elle s’était sentie ballottée, passant d’une humeur à l’autre.

Puis le rejet de Grant l’avait laissée comme anesthésiée. Mais cet engourdissement n’avait pas duré, Ce matin, les forces qui s’éveillaient en elle étaient aux antipodes de la passivité. Fureur, fierté blessée, souffrance et exaltation soufflaient en elle avec la même vigueur que le vent soulevant les vagues.

A toutes ces émotions, elle pouvait donner un exutoire, les libérer sur la toile plutôt que de les laisser se retourner contre elle.

Elle n’avait pas besoin de Grant. Ni de lui ni de personne.

Son art suffisait à définir le sens et le contenu de son existence.

Pourquoi vivrait-elle pour autre chose que pour la peinture alors que la peinture lui donnait l’essentiel ? Son travail n’était jamais répétitif, jamais mécanique. Et aussi longtemps qu’elle aurait ses yeux pour voir et sa main pour tenir le pinceau, elle ne serait jamais seule.

Ses crayons, ses couleurs avaient enchanté son enfance, adouci les affres de l’adolescence et l’avaient accompagnée dans sa vie adulte. Dans son art, elle avait sublimé les élans qui l’auraient sans doute poussée sinon à rechercher l’amour d’un homme. Mais ne trouvait-elle pas dans sa peinture des satisfactions qu’aucun amant, jamais, ne serait susceptible de lui donner ?

Gennie rit doucement, lançant son défi aux nuages et au vent.

Ce qu’elle ressentait était proche de la passion amoureuse.

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