Lui by P.K. Summerboy

Auteur:P.K. Summerboy [Summerboy, P.K.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Gay
Publié: 2016-12-31T23:00:00+00:00

Chapitre XIV : Des tentes et des piquets

Je passai la semaine avec le sentiment d’être libéré d’un poids. La confidence a ses avantages et ses inconvénients ; je craignais maintenant que Marion révèle notre histoire au grand jour.

Lorsque je croisais Brian, je faisais mine de l'ignorer. Néanmoins, mes yeux, par automatisme, le guettaient d’abord au bout des couloirs, avant de le contourner comme un inconnu croisé dans la rue ; j’avais retrouvé mes mauvaises habitudes. Aussi, le fait de me livrer à quelqu’un avait ébranlé mes certitudes. Je n'arrivais pas à me défaire de l'idée qu'il n’y avait aucun hasard dans la rupture de Brian et de Noémie. Marion m'avait laissé croire que j'en étais la cause.

Je repensais au billet secret. Pourquoi Brian m'aurait-il menti ? S'il n'avait rien mis dans mon sac, l'histoire se corsait. En imaginant que Matthieu fut ce fameux expéditeur, qu'attendait-il de ma part ? Après tout, il me regardait souvent, à bien y réfléchir, même trop souvent, en vérité : à midi, dans la queue du self, lors de nos cours communs, pendant les récréations et également à dix-sept heures sur le parking. Mes yeux le surprenaient constamment à me surveiller ! Peut-être était-il amoureux de moi, ou peut-être tenait-il son rôle de flic très à cœur ? Mon esprit implorait le repos.

Ce week-end-ci, Marion m’invita à planter la tente près d’un petit lac d’altitude. Je me retrouvai entouré de quatre filles et de Grégory. Je me demandais si Marion n’avait pas fait une corrélation entre ma sexualité et celle de ce garçon en voulant me joindre à eux. J’avais souvent entendu des on-dit à son sujet, des insultes à propos du fait qu'il ne traînait qu'avec des filles. Mais je n’étais pas suspicieux, ni jugeur ; comment aurais-je pu l’être sachant ce que j’avais vécu ?

Il fut le premier à faire ma connaissance. Garçon très sympathique, plutôt farceur et distributeur de gaîté, on s'entendit rapidement. Puis vinrent ensuite les trois amies de Marion, toutes élèves en seconde A. L’une d’elles était très appréciée de Paul, elle s’appelait Marine. Malheureusement pour lui, elle lui préférait Matthieu, comme nous l'avons vu précédemment. D'ailleurs, je n’arrivais pas à comprendre ce qu’elle pouvait bien lui trouver !

Le temps était radieux et les montagnes alentour portaient un chapeau de neige. Nous avions planté la tente à six places de Marion à la lisière de la forêt, et nous contemplions, assis dans l’herbe, l’étendue d’eau reluisante et parfois ondulée par les sauts des truites à la surface. Les discussions allaient bon train.

Grégory avait la parole facile, et ne se privait pas d’engager la conversation sur des sujets sensibles et controversés, sans peur du jugement d’autrui. Il enclenchait ainsi souvent le débat, mais les amies de Marion n’étaient pas en reste. On parla de tout, notamment de la vie au lycée et de l’actualité. Grégory faisait preuve d’humour aussi et me lançait la balle, que je renvoyais timidement. Comme ironisait Marion avec affection, Grégory était une vraie pipelette. Son visage fin, éclaboussé de taches de rousseur, était éclairé par deux yeux noisette constamment rieurs.

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