Lourdes, lentes by Hardellet Andre

Lourdes, lentes by Hardellet Andre

Auteur:Hardellet Andre [Hardellet Andre]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-01-05T14:09:02+00:00


37

La lettre de Vanessa porte le cachet de New-Delhi. Elle m'annonce qu'elle arrivera le 20 décembre, pour trois jours, et me demande de venir la chercher à Orly, à 15h30 ; sinon, elle m'indique l'adresse de l'hôtel où elle a retenu une chambre. Aucune allusion aux deux lettres que je lui ai envoyées, toutefois elle m'assure qu'elle n'a rien oublié des « terribles choses délicieuses » d'Amsterdam.

En uniforme de toutes nuances, des hôtesses s'entrecroisent, se rassemblent, s'éparpillent dans un ballet sans musique. Des filles qui ont un con adorable sous leurs jupes, des cons parfumés à la New-Delhi, à la Chelsea, à la Jamaïque.

Pour la première fois depuis longtemps, je subis l'angoisse propre à celui qui attend dans un aéroport. Du gars paumé dans la foule, l'oreille tendue vers l'annonce des prochains atterrissages, des retards dans l'horaire ou des « incidents techniques » qui préludent quelquefois à une atroce réalité.

Soudain, il me devient évident que Vanessa ne peut apparaître parmi les voyageurs que libèrent le contrôle douanier ou la sortie du personnel aérien – et la voici devant moi, plus grande dame que jamais, avec ses yeux d'ardoise, son sourire sans contrefaçon. Elle m'embrasse légèrement sur la bouche.

— Que je suis contente, Stève ! Je saisis ses valises.

Moi aussi, tu sais. Je t'emmène à ton hôtel d'abord ?

— Oui, si tu veux bien.

Nous montons dans ma petite Austin ; je conduis d'une main, l'autre posée sur la cuisse de Vanessa. Elle profite d'un feu rouge pour m'embrasser longuement, dans son style, si bien que j'oublie de démarrer quand le signal passe au vert.

À travers les vitres, je vois les visages haineux des conducteurs contraints de déboîter pour me doubler, ils me flingueraient s'ils avaient une arme à leur portée. Vanessa leur tire la langue.

— Ils n'apprécient pas, chéri.

— Moi, si.

Dans le hall de son hôtel, elle me demande :

— Je reste comme ça ou je m'habille ?

— Comme ça, je préfère. Tes robes du soir, tu les mettras un autre jour.

Elle hésite.

— C'est que… je repars demain.

— Ah !

Une fêlure instantanée.

— Tu m'avais promis…

— Je sais, mais ce n'est pas commode de satisfaire tout le monde, mes parents, mes amis d'Angleterre…

— Parfait.

— Tu m'attends ici. J'en ai pour cinq minutes, le temps de déballer mes affaires. Je m'assois dans un fauteuil et allume une cigarette. Un type de la réception, sapé en noir, juge bon de m'exprimer son point de vue sur le temps.

— Pas tellement vilain pour la saison.

— Non. Radieux. On se croirait à Bagdad. Vous connaissez Gustave Nadaud ?

— Euh ! attendez… C'est un de nos clients ?

— Un client du Second Empire. Il fréquentait des gendarmes.

Il m'examine avec une gravité affable, hoche la tête et gagne son bureau.

Vanessa sort de l'ascenseur, un paquet à la main. Belle comme elle sait l'être pour mieux aiguiser le regret.



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