L'insurrection qui vient by Comité Invisible

L'insurrection qui vient by Comité Invisible

Auteur:Comité Invisible [Comité, Invisible]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: La Fabrique éditions
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Tout est à renverser dans les discours écologistes. Là où ils parlent de « catastrophes » pour désigner les dérapages du régime actuel de gestion des êtres et des choses, nous ne voyons que la catastrophe de son si parfait fonctionnement. La plus grande vague de famine connue jusqu’alors dans la zone tropicale (1876-1879) coïncide avec une sécheresse mondiale, mais surtout avec l’apogée de la colonisation. La destruction des mondes paysans et des pratiques vivrières avait fait disparaître les moyens de faire face à la pénurie. Plus que le manque d’eau, ce sont les effets de l’économie coloniale en pleine expansion qui ont couvert de millions de cadavres décharnés toute la bande tropicale. Ce qui se présente partout comme catastrophe écologique n’a jamais cessé d’être, en premier lieu, la manifestation d’un rapport au monde désastreux. Ne rien habiter nous rend vulnérables au moindre cahot du système, au moindre aléa climatique. Pendant qu’à l’approche du dernier tsunami les touristes continuaient de batifoler dans les flots, les chasseurs-cueilleurs des îles se hâtaient de fuir les côtes à la suite des oiseaux. Le paradoxe présent de l’écologie, c’est que sous prétexte de sauver la Terre, elle ne sauve que le fondement de ce qui en a fait cet astre désolé.

La régularité du fonctionnement mondial recouvre en temps normal notre état de dépossession proprement catastrophique. Ce que l’on appelle « catastrophe » n’est que la suspension forcée de cet état, l’un de ces rares moments où nous regagnons quelque présence au monde. Qu’on arrive plus tôt que prévu au bout des réserves de pétrole, que s’interrompent les flux internationaux qui maintiennent le tempo de la métropole, que l’on aille au-devant de grands dérèglements sociaux, qu’advienne l’« ensauvagement des populations», la «menace planétaire», la «fin de la civilisation » ! N’importe quelle perte de contrôle est préférable à tous les scénarios de gestion de crise. Les meilleurs conseils, dès lors, ne sont pas à chercher du côté des spécialistes en développement durable. C’est dans les dysfonctionnements, les courts-circuits du système qu’apparaissent les éléments de réponse logiques à ce qui pourrait cesser d’être un problème. Parmi les signataires du protocole de Kyoto, les seuls pays à ce jour qui remplissent leurs engagements sont, bien malgré eux, l’Ukraine et la Roumanie. Devinez pourquoi. L’expérimentation la plus avancée à l’échelle mondiale en fait d’agriculture « biologique » se tient depuis 1989 sur l’île de Cuba. Devinez pourquoi.

C’est le long des pistes africaines, et pas ailleurs, que la mécanique automobile s’est élevée au rang d’art populaire. Devinez comment.

Ce qui rend la crise désirable, c’est qu’en elle l’environnement cesse d’être l’environnement. Nous sommes acculés à renouer un contact, fût-il fatal, avec ce qui est là, à retrouver les rythmes de la réalité. Ce qui nous entoure n’est plus paysage, panorama, théâtre, mais bien ce qu’il nous est donné d’habiter, avec quoi nous devons composer, et dont nous pouvons apprendre. Nous ne nous laisserons pas dérober par ceux qui l’ont causée les possibles contenus dans la « catastrophe ». Là où



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