L'inconnu de Wazemmes by Wouters

Auteur:Wouters
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Ravet-Anceau
Publié: 2014-07-14T16:00:00+00:00

Mais tout à coup, j’ai l’impression que le temps s’arrête : Zélie arrive, un sourire jusqu’aux oreilles.

La lettre est enfin parvenue dans la boîte aux lettres ! Alors sa mère a levé la punition et, de contentement, elle lui a remis une autre photo pour la classe.

– Tu as vu le cachet de la Poste, Zélie ? je n’ai pas pu m’empêcher de demander.

– Ben, ma mère l’a regardée pour savoir quand elle avait été envoyée, cette fameuse lettre, mais on ne peut pas bien lire. Le tampon n’est pas assez encré. On devine juste la fin du nom du bureau de poste.

– Lequel ?

– « -ello ».

– Montebello ? Nom d’un chien ! je crie, stupéfait.

– Quoi ?

– J’ai bien l’impression que notre facteur habite de ce côté-là. Et qu’il dépend du bureau de poste Montebello.

– Tu parles de M. Delforge ? demande Paulo.

– Le père de Delphine ? ajoute Zélie.

– Ben oui, tiens.

Et je raconte que dimanche passé, j’ai fait route avec elle en autobus pour aller au marché de Wazemmes…

Et je conclus par :

– Il n’y a peut-être pas de lien mais, en tout cas, Delphine monte et descend toujours à Montebello.

– Bon, écoute, Charlie, pour moi, l’histoire est finie. Je préfère en rester là. Ma mère m’a pardonné, c’est bon. On ne va pas chercher la petite bête.

– Ben, tu sais, Zélie, déclare Saïd, moi à ta place, j’essayerais de comprendre pourquoi la lettre a mis une semaine pour aller de la rue Montebello jusqu’à l’immeuble Jules-Ferry qui se trouve à moins d’un kilomètre. Parce que, à mon avis, il y a quelque chose de pas clair dans cette histoire… Surtout depuis que cette lettre s’est retrouvée comme par hasard dans ta boîte ce matin. Elle a dû être déposée par M. Delforge, non ?

– Je pense pareil, Zélie, j’avoue doucement. Même si j’avais une autre idée avant ce matin.

– Moi aussi, fait Paulo.

– Peut-être, mais si vous aviez eu aussi peur que moi d’aller en pension, vous me comprendriez.

– Justement on a eu très peur pour toi. Et qui te dit que tu n’iras pas en pension ?

– Arrête, Charlie, répond Zélie, les larmes aux yeux.

Je ne sais plus quoi faire, je suis tellement fou d’elle ! Bizarrement je ne peux pas m’empêcher de penser à Mme Zhé, si sérieuse d’habitude, envoyant des baisers à quelqu’un avant de rentrer chez elle après son travail. Décidément, quand on aime, on ne voit plus les choses de la même façon, on dirait…

Zélie se retient de pleurer. Puis elle nous tend une enveloppe.

– Bon, en tout cas, voilà la photo que maman m’a donnée pour remplacer celle que j’avais choisie. Elle m’a dit qu’elles avaient été prises toutes les deux le même jour.

On y voit Yaya et Zélie en train d’acheter des bonbons sur un marché au moment où le vendeur leur tend les sachets.

– C’est à Wazemmes ?

– Tu ne reconnais pas ? Devant l’église Saint-Pierre-Saint-Paul !

– Heu, oui. Et sur l’autre photo, vous étiez où ?

– Un peu plus loin devant le marché couvert.

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