Lieutenant de panzers by Von Kageneck August

Lieutenant de panzers by Von Kageneck August

Auteur:Von Kageneck August
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin


Chapitre 7

L’avance vers l’infini

Le « rotor » s’était mis brusquement à tourner plus vite. La force centrifuge devenait plus sensible. En même temps, le sol commençait à se dérober sous nos pieds. Jusqu’à maintenant, beaucoup de gens avaient ri, ou poussé des cris d’amusement. Mais il y avait maintenant des cris de peur. « Arrêtez ! arrêtez ! » hurlaient certains. D’autres regardaient vers la porte de sortie. Mais elle était fermée. L’homme qui réglait la vitesse était invisible. Entendait-il les cris de ceux qui avaient peur ? Ou ne faisait-il attention qu’à ceux qui continuaient à pousser des cris de joie et qui hurlaient : « Plus fort, plus vite ! » ?

Notre 9e Panzer ne se mit pas tout de suite en branle. Son commandant était un vieil Autrichien, très cultivé : à part ses brevets militaires, il avait obtenu deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en philologie. Il considérait sans doute qu’il fallait réserver nos forces pour les grands affrontements et laisser les petits accrochages frontaliers à l’infanterie. Cette tactique avait brillamment réussi au cours des autres campagnes. Les coups de boutoir de l’infanterie ébranlaient l’ennemi ; les chars fonçaient ensuite, sans s’occuper de ce qui se passait à gauche et à droite. C’est ainsi que nous avions atteint la Vistule, la Manche et le Péloponnèse en quelques jours. C’est ainsi que nous comptions atteindre aussi rapidement le Dniepr et, qui sait ? peut-être Moscou.

Au matin du 26 juin, un messager du bataillon nous apporta l’ordre de nous mettre en route. Nous l’avions attendu d’heure en heure. Tout était fin prêt depuis deux jours. Les moteurs de vingt automitrailleuses et d’autant de véhicules auxiliaires se mirent à ronronner d’un seul coup. Les commandements se succédaient, les radios de bord hurlaient. De char en char, on échangeait des signaux depuis longtemps mis au point. On s’affairait autour des moteurs qui refusaient de démarrer.

Nous prîmes enfin la route qui menait vers le Bug, vers le front, vers le grondement de tonnerre que nous entendions au loin depuis le 22. Immédiatement, la poussière nous enveloppa. La poussière ignore les frontières : nous la retrouvions en Russie où n’existaient ni les routes ni l’asphalte. Elle était terrible, cette poussière grasse, rouge ou jaune, elle pénétrait partout : dans les yeux, dans les narines, dans la bouche. On la sentait la nuit sur la langue. Elle couvrait tout d’un drap épais et puant, la mitrailleuse, l’appareil optique du canon, les sièges, les caisses de munitions, le poste. Impossible de tenir tout ça en état de propreté ! Nous abandonnions la lutte au bout de quelques heures. Pendant quatre mois, elle ne nous lâcha pas. Seule la neige parvint à la chasser.

Il faisait chaud, très chaud. Le soleil tapait impitoyablement. Nous avions tout de suite retiré nos vestes. C’étaient les vestes noires des tankistes. Elles portaient un écusson que nous avaient transmis les « Hussards de la mort » de Guillaume II : la tête de mort.

La route était parsemée de trous et les voitures étaient ballottées comme des bateaux sur une mer démontée.



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