L'Homme qui n'existait plus by Laurent Genefort

L'Homme qui n'existait plus by Laurent Genefort

Auteur:Laurent Genefort [Genefort, Laurent]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science Fiction
ISBN: 2-265-05888-2
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1996-01-01T05:00:00+00:00


CHAPITRE VI

Il cessa de bouger. Tirer en tous sens ne servirait à rien.

Les crampes finirent par s’apaiser. Hicks savait qu’il ne s’agissait que d’une courte accalmie. La douleur était là, stagnant au creux des cuisses, attendant que son débit sanguin s’accélère pour diffuser tel un venin à effet foudroyant. Non, il devait rester immobile. Feindre la mort. Peut-être la souffrance l’oublierait-elle.

« Faire le mort… Bientôt je n’aurai plus à faire semblant. Combien de temps un homme peut-il tenir sans boire ? L’ironie, dans tout cela, est que je porte de l’eau sur moi. De l’eau, et la possibilité de mettre définitivement fin à mes souffrances…»

Il se força à respirer lentement, à réfléchir. Il était bloqué, à cheval sur le panneau de fermeture. Deux voies s’offraient à lui : la mort par déshydratation, ou, d’une manière plus rapide, la mort par le panneau de fermeture. Celui-ci réagissait à la moindre chute de pression. S’il détectait un changement, ce qui était courant, le panneau métallique (ou était-ce un diaphragme ?) s’abattrait avec la puissance d’une presse hydraulique, le coupant par le milieu aussi proprement qu’un couperet.

Et cela pouvait advenir à tout instant.

Les angles durs du cutter s’imprimaient dans son rein gauche. Il songea avec un amusement caustique que s’il se mettait à avoir une érection, celle-ci serait extrêmement douloureuse tant il était à l’étroit. Il lui était arrivé de se masturber au début de sa claustration, et c’était toujours en pensant à l’infirmière, ou à une photo de magazine. Jamais à sa femme, Nade. Mais cela n’avait guère duré qu’une semaine. Tout désir était mort en lui. Et le soir, au retour des « patrouilles » dans la station, ses efforts pour dresser ce tuyau de chair étrangère entre ses cuisses se soldaient généralement par un échec.

Il sombra dans une torpeur fiévreuse, minée par la soif. D’autres mirages l’assaillirent, grouillants de cafards génétisés pondant dans sa chair. Plusieurs fois il surgit de stases d’engourdissement, en train de mâcher sa langue. L’air semblait se corrompre d’une moiteur suspecte. Ce n’était pas impossible, si le conduit s’interrompait dix ou quinze mètres plus loin. Combien de litres d’air consommait-il à la minute ? Probablement beaucoup trop. Mais peut-être s'agissait-il tout simplement du relent de sa propre transpiration.

Puis il pensa à ce rat qu’il avait emprisonné dans la combinaison spatiale du module de sortie. Tous deux se trouvaient dans la même posture. Sauf que l’animal était certainement déjà mort.

« Si jamais je m’en sors, je jure que je prendrai soin de toi », se dit-il, conscient de la valeur magique de ce serment.

Sa vessie ne le torturait plus autant. Il y voyait un mauvais présage. Cela signifiait peut-être qu’elle avait atteint son volume maximum, qu’elle était près d’éclater. Quelles conséquences une rupture interne pouvait avoir sur l’organisme ? Pouvait-on survivre à la diffusion d’un litre d’urine dans tout le corps ?

À moins que la soufflerie ne se réveille à nouveau, comprimant l’air dans le conduit, le transformant en bouchon humain. Ses tympans et ses poumons éclateraient, le gaz diffuserait dans son sang en grosses bulles qui iraient s’amasser dans le cœur.



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