L'exode : 10 mai-20 juin 1940 by Pierre Miquel

L'exode : 10 mai-20 juin 1940 by Pierre Miquel

Auteur:Pierre Miquel [Miquel, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Éditeur: Plon
Publié: 2003-05-14T22:00:00+00:00


À Paris, le gouvernement a pris la route de l’exode. Dès le 9 juin, il avait envisagé son repli sur la Loire. À 18 heures, Georges Mandel annonçait l’arrivée d’une pointe de reconnaissance allemande sur Pontoise. Au Conseil des ministres du 10 juin, il décidait du départ. Tours était choisi, parce que l’on avait déjà prévu d’y aménager les lieux pour l’installation des « officiels », sur recommandation de l’autorité militaire. Le Grand État-major de l’armée a donné l’exemple du repli. Le 9, le général Georges a quitté La Ferté-sous-Jouarre pour Briare.

Le personnel des Chambres est évacué dès le 9 juin, pour éviter l’encombrement des routes. Le président de la République, Albert Lebrun, doit quitter l’Élysée avant l’aube du 10 juin en automobile. Jules Jeanneney, président du Sénat, raconte le départ du convoi de quatre voitures où il prend place avec son personnel. Édouard Herriot, président de la Chambre, quitte au même moment Paris pour Lyon en passant par Vouvray.

Le récit du président Jules Jeanneney{62} illustre cet exode officiel, assez rapide. À l’aube, les voitures passent devant le lion de Belfort, place Denfert-Rochereau, sortent par la porte d’Orléans, entrent au jour levé dans Arpajon, poursuivent une route sans obstacles et sans surprises jusqu’à Étampes.

À partir de là, le cortège bute sur les longues colonnes de réfugiés : des piétons et des « bicyclettes avec à l’arrière un énorme baluchon ». On rencontre seulement en entrant dans Orléans les lourds chariots agricoles, « figures de détresse résignée, où se lit la satisfaction de s’être éloignés du danger ». Aux points d’encombrement, les voitures officielles attendent comme les autres que la route soit dégagée.

La traversée d’Orléans est pénible. Le président fait une halte à Blois pour le déjeuner. Le cortège poursuit sa route longeant la Loire jusqu’à Amboise. Le conseiller général, André Gouin, un « banquier opulent », issu d’une famille républicaine ayant connu l’exode de 1870, a prêté son château. L’état-major a installé le président du Sénat dans cette grande bâtisse en pierre et en brique, à six kilomètres de la ville. En arrivant dans cette somptueuse résidence, Jules Jeanneney apprend par la radio l’entrée en guerre de l’Italie.

Pas de nouvelles de Paris. Le 11 juin au matin, les routes du Mans, de Vendôme, de Blois sont encombrées de voitures et de camions. Il faut du temps au président du Sénat pour franchir le pont de Tours. Les abords de l’hôtel de ville et de la préfecture sont remplis de réfugiés qui font la queue pour obtenir des sauf-conduits ou de l’essence. Le maire de Tours, Ferdinand Morin, est un ancien mouleur en métaux élu député socialiste d’Indre-et-Loire depuis 1914.

Georges Mandel est à la préfecture. Le ministère, après le dernier Conseil tenu à Paris le 10 juin à 18 heures, a pris à son tour la route de l’exode. Traversant sans entraves Limours par un itinéraire peu fréquenté, Paul Reynaud s’arrête à Orléans, où il arrive par la route, de nuit, précédé par des motocyclistes, en compagnie du général de Gaulle, son sous-secrétaire d’État.



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