Les Soviets en Russie by Oskar Anweiler

Les Soviets en Russie by Oskar Anweiler

Auteur:Oskar Anweiler [Anweiler, Oskar]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Agone


Tout en pensant, contrairement aux mencheviks, que la révolution russe suivrait une pente propre et, par exemple, que la forme coopérative serait l’une des bases de la socialisation future du pays, les S‑R se prononçaient eux aussi pour un régime parlementaire coiffé par une Assemblée nationale constituante, et non pour une république des conseils. « Les soviets, assurait l’un d’eux, se fixent d’emblée pour but d’être les représentants, non de la Russie entière, mais seulement des ouvriers, des soldats et des paysans travailleurs. Les soviets n’aspirent nullement à remplacer l’Assemblée constituante où siègent des députés de toute la Russie mais, au contraire, visent à mener le pays à l’Assemblée constituante […]. Pas plus qu’ils ne sont un pouvoir parallèle à l’Assemblée nationale, pas plus, ils ne s’alignent sur le gouvernement provisoire. Conseillers du peuple qui luttent pour ses intérêts […], ils ont conscience de ne représenter qu’une partie du pays et de ne jouir de la confiance que des seules masses populaires dans l’intérêt desquelles ils combattent. C’est pourquoi les soviets se sont toujours refusés à prendre en main le pouvoir et à former un gouvernement 211. » À la veille de l’ouverture, à la mi-septembre 1917, de la conférence démocratique des représentants des soviets, des syndicats et des organes d’auto-administration, le journal S‑R Delo Naroda écrivait qu’il fallait bien convenir « que les soviets ne sont pas toute la démocratie travailleuse ». Après s’être consolidés peu à peu, les organes d’auto-administration ruraux et urbains seraient plus aptes que les soviets à refléter la volonté et les dispositions des larges masses populaires 212. Mencheviks et socialistes-révolutionnaires s’accordaient donc pour vouloir transférer petit à petit les prérogatives des conseils au gouvernement provisoire et, par la suite, à l’Assemblée constituante, au sommet, comme aux zemstvos et aux doumas de ville démocratiques, au niveau local. Une fois ce processus achevé, les conseils d’ouvriers, soldats et paysans auraient perdu toute importance ou disparu – comme ce fut d’ailleurs le cas pendant la révolution allemande de 1918, par exemple, après la stabilisation du pouvoir central et la réunion de l’Assemblée nationale.

Ainsi les socialistes modérés espéraient-ils voir la révolution suivre son cours dans le calme et, ceci impliquant cela, les conseils se dépouiller progressivement de leurs attributions et dépérir. Mais ces espoirs ne se réalisèrent pas. Bien au contraire, l’exacerbation de la lutte de classes (dont à la fin août le putsch de Kornilov fut un symptôme) porta un coup décisif à la thèse selon laquelle seule une coalition avec les forces bourgeoises, non le pouvoir exclusif des conseils, pourrait sauver le pays. À la conférence démocratique, défenseurs et adversaires d’une coalition se trouvaient encore à peu près à égalité de voix XIII, mais chaque jour davantage la prépondérance au sein des conseils revenait aux bolcheviks et donc à la thèse adverse [⇒, p. ⇒ et suiv.]. Cette thèse faisait d’ailleurs de plus en plus d’adeptes parmi les mencheviks et les S‑R eux-mêmes, qui aspiraient à un gouvernement purement socialiste prenant appui sur les soviets. Martov, leader des mencheviks



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