Les ombres mortes by Christian Roux

Les ombres mortes by Christian Roux

Auteur:Christian Roux [Roux, Christian]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, Rivages/Noir, Policier, Lu, Fait maison
Éditeur: Rivages/Noir
Publié: 2004-12-31T23:00:00+00:00


Dimanche, 9 h 50,

alentours de Larmon,

histoire de Lancelot.

Connerie de pluie !

Lancelot n’était pas suffisamment équipé. Son imperméable ne méritait plus son nom depuis longtemps et ses chaussures faisaient office de bassine. L’histoire avait pris un rythme un peu trop rapide à son goût. Elle le poussait à agir dans la précipitation. D’un autre côté, plus vite il aurait fini…

Il n’avait pas pu appeler Coralie ce matin. Elle devait s’inquiéter.

Au retour de l’aéroport, il l’avait installée chez lui. Depuis, elle n’en avait pas bougé. Très vite, il lui avait interdit de faire le ménage, la cuisine, de repasser ses chemises ou n’importe quoi de ce genre. Il ne voulait pas qu’elle puisse le soupçonner de vouloir en faire son esclave personnelle, ce qui aurait été facile. Une confiance mutuelle s’était assez vite instaurée. Coralie voyait bien ce qu’il attendait d’elle mais elle ne pouvait pas lui en faire grief, et il ne se montrait pas pressant. L’amour, de toute façon, se commande difficilement, et c’était bien de cela qu’il avait besoin. D’amour. Pas de sexe. Pour ça, il s’y prenait autrement ou il ne s’y prenait pas, elle l’ignorait. Son travail pouvait le faire rentrer tard aussi bien qu’une visite chez les prostituées et elle préférait ne pas y penser, mais avec sa tête, il était peu probable qu’il s’en sorte gratuitement. En fait, il s’en sortait avec ses mains, tout simplement. Parfois honteusement, après avoir observé des femmes qui riaient, s’être mêlé à elles, avoir reniflé leur odeur, peut-être même les avoir frôlées, parfois gaiement, accueillant avec bonheur ce sentiment de libération qu’il éprouvait après l’éjaculation, parfois froidement, au moment de se coucher ou en se douchant.

Cependant, il s’était montré si prévenant, si amical, leur relation faite de conversations interminables, d’échanges d’histoires, de jeux et de consolations était si douce, que le jour où lors de l’une de ces consolations, justement, il s’était mis à lui caresser le visage, puis les bras, puis le dos, puis les reins, puis les jambes, puis le ventre, puis les seins, puis le sexe, avec une infinie tendresse, une infinie lenteur et pour finir une inextinguible soif d’amour, d’odeur et de peau, le jour, donc, où enfin il avait osé venir en elle, elle s’était laissé faire. Et même plus : elle avait fini par l’inviter. Elle ne l’avait pas regretté. Suite à ce rapport sexuel, il s’était montré encore plus prévenant et cent fois plus amoureux. Il en débordait tant, d’amour, qu’elle s’en était trouvée éclaboussée, et cet arbre de la folie qu’est l’amour s’était également enraciné en elle.

À partir de cet instant, les nuits de cauchemars, quand ses bourreaux revenaient la hanter, étaient devenues autant de nuits d’amour. La tristesse et la joie, la peur et l’insouciance, se mêlaient avec plus ou moins de bonheur, mais toujours les secondes ressortaient gagnantes de ces combats qui pouvaient durer toute la nuit.

Puis était venue l’impatience. L’impatience d’attendre cette liberté toujours plus promise, toujours plus palpable, mais toujours aussi improbable. Et Lancelot, aussi attentif et méfiant fut-il, avait commis une erreur.



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