Les Mitterrand (French Edition) by Robert SCHNEIDER

Les Mitterrand (French Edition) by Robert SCHNEIDER

Auteur:Robert SCHNEIDER [SCHNEIDER, Robert]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Place des éditeurs
Publié: 2013-05-29T22:00:00+00:00


Là encore, l’allusion à Béatrice…

A ce Mitterrand qui les impressionne par l’assurance tranquille qu’il dégage, ses compagnons d’infortune prédisent un destin politique. Certains le considèrent toujours catholique et de droite. D’autres, comme l’abbé Dentin le jugent en crise religieuse et en pleine évolution vers la gauche.

Il ne cache pas, en tout cas, son désaccord avec les mesures prises par Vichy en faveur des prisonniers. Et, déjà, il parle en leur nom. Le 15 novembre, dans L’Ephémère, il ironise : « La nomination d’un fonctionnaire préposé au service d’accueil des prisonniers, la distribution dans les gares de chocolat et de sandwiches et les sourires des dames de la Croix-Rouge, cela ne peut suffire, croyons-nous, à guérir les inquiétudes, à exalter les courages […] Et je crains qu’on ne parle des prisonniers comme on parle des morts : en vantant leur mérite, en tressant leur louage, mais en estimant que leur première qualité est surtout de ne plus gêner les vivants […] Qu’au moins notre Patrie, blessée et qui souffre et qui, malgré sa peine et ses angoisses, refuse de mourir, puisse compter sur le soutien de ses fils exilés […] Maintenant qu’il s’agit de renaître, que notre voix, que notre apport participe à l’œuvre selon le droit que nous avons acquis. »

Paul Charvet, un écrivain qui tient son journal, raconte un incident survenu à la veille de Noël. Comme il s’indigne de voir dans la presse autorisée par les Allemands, une photo montrant le haut clergé français aux côtés d’Abetz, un prêtre l’interrompt : « Jeune homme, vous êtes sectaire… » Et d’expliquer que, grâce au Maréchal, tout se déroule dans la souveraineté française. Mitterrand intervient : « Quelle souveraineté quand la France est occupée aux deux tiers et que nous sommes deux millions de prisonniers ? Ce ne sont que des mots191. » Mitterrand, au stalag, n’est pas maréchaliste, il ne participe pas aux activités des « Cercles Pétain ». Il fait preuve, derrière les barbelés, d’une lucidité qui l’abandonnera, pendant quelques mois, à Vichy.

Dès son premier jour de captivité, il a une obsession : s’évader. Il s’en expliquera trente ans plus tard dans Ma part de vérité : « Tout prisonnier rêve de liberté mais peu tentent de la conquérir. J’ai accompli dans ma vie deux ou trois actes qui n’ont dépendu que de moi, pas davantage. Le premier fut de m’évader d’Allemagne. Non sans mal. »

Mitterrand s’y reprendra à trois fois, ce qui démontre une force de caractère et une détermination exceptionnelles. Peu s’évadaient. Très peu, après avoir été repris, recommençaient. Mais combien ont réussi à leur troisième tentative ? La première, en compagnie de l’abbé Xavier Leclerc, échoue après trois semaines de marche dans la neige. Les deux hommes, épuisés – « comme hallucinés », dira Mitterrand – perdent toute prudence : ils s’aventurent sur la route en plein jour et sont arrêtés dans un village du Wurtemberg. Retour à Zigenheim où ils sont placés sous haute surveillance. La deuxième fois, il arrive jusqu’à Metz, en Lorraine annexée.



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