Les Fausses Confidences by Marivaux

Les Fausses Confidences by Marivaux

Auteur:Marivaux [Marivaux]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Éditeur: mozambook
Publié: 2001-03-14T23:00:00+00:00


Scène 10

Araminte, Le Comte, Madame Argante, Marton, Dubois, Arlequin

Arlequin, en entrant. – Tu es un plaisant magot !

Marton. – A qui en avez-vous donc ? vous autres ?

Dubois. – Si je disais un mot, ton maître sortirait bien vite.

Arlequin. – Toi ? nous nous soucions de toi et de toute ta race de canaille comme de cela.

Dubois. – Comme je te bâtonnerais, sans le respect de Madame !

Arlequin. – Arrive, arrive : la voilà, Madame.

Araminte. – Quel sujet avez-vous donc de quereller ? De quoi s’agit-il ?

Madame Argante. – Approchez, Dubois. Apprenez-nous ce que c’est que ce mot que vous diriez contre Dorante ; il serait bon de savoir ce que c’est.

Arlequin. – Prononce donc ce mot.

Araminte. – Tais-toi, laisse-le parler.

Dubois. – Il y a une heure qu’il me dit mille invectives, Madame.

Arlequin. – Je soutiens les intérêts de mon maître, je tire des gages pour cela, et je ne souffrirai point qu’un ostrogoth menace mon maître d’un mot ; j’en demande justice à Madame.

Madame Argante. – Mais, encore une fois, sachons ce que veut dire Dubois par ce mot : c’est le plus pressé.

Arlequin. – Je le défie d’en dire seulement une lettre.

Dubois. – C’est par pure colère que j’ai fait cette menace, Madame ; et voici la cause de la dispute. En arrangeant l’appartement de Monsieur Dorante, j’ai vu par hasard un tableau où Madame est peinte, et j’ai cru qu’il fallait l’ôter, qu’il n’avait que faire là, qu’il n’était point décent qu’il y restât ; de sorte que j’ai été pour le détacher ; ce butor est venu pour m’en empêcher, et peu s’en est fallu que nous ne nous soyons battus.

Arlequin. – Sans doute, de quoi t’avises-tu d’ôter ce tableau qui est tout à fait gracieux, que mon maître considérait il n’y avait qu’un moment avec toute la satisfaction possible ? Car je l’avais vu qui l’avait contemplé de tout son cœur, et il prend fantaisie à ce brutal de le priver d’une peinture qui réjouit cet honnête homme. Voyez la malice ! Ote-lui quelque autre meuble, s’il en a trop, mais laisse-lui cette pièce, animal.

Dubois. – Et moi, je te dis qu’on ne la laissera point, que je la détacherai moi-même, que tu en auras le démenti, et que Madame le voudra ainsi.

Araminte. – Eh ! que m’importe ? Il était bien nécessaire de faire ce bruit-là pour un vieux tableau qu’on a mis là par hasard, et qui y est resté. Laissez-nous. Cela vaut-il la peine qu’on en parle ?

Madame Argante, d’un ton aigre. – Vous m’excuserez, ma fille ; ce n’est point là sa place, et il n’y a qu’à l’ôter ; votre intendant se passera bien de ses contemplations.

Araminte, souriant d’un air railleur. – Oh ! vous avez raison. Je ne pense pas qu’il les regrette. (A Arlequin et à Dubois.) Retirez-vous tous deux.



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