Les crocs de l'enfance by Andrevon Jean-Piere

Les crocs de l'enfance by Andrevon Jean-Piere

Auteur:Andrevon,Jean-Piere [Andrevon,Jean-Piere]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique
Éditeur: Denoël
Publié: 1999-01-01T00:00:00+00:00


Apparition des monstres

La route était déjà pleine de monde. Les gens étaient montés de la ville, ils avaient arrêté leur voiture sur les bas-côtés de la chaussée, maintenant ils attendaient : c’était une bonne aubaine pour un dimanche. Leur crédulité me stupéfiait ; j’étais persuadé qu’il ne se passerait rien, que cette histoire de soucoupes volantes n’était qu’un canular, une invention de journalistes. J’étais seulement ennuyé par cet afflux : à la longue les gens se lasseraient et repartiraient, mais il y aurait des bruits de moteurs et d’avertisseurs toute la soirée, on n’aurait pas la paix, ma femme et ma mère auraient les nerfs en boule. La maison est juste au bord de la route, en plein dans la courbe rentrante d’un virage qui surplombe l’à-pic. Comme vue, c’est imprenable ; et l’altitude est suffisante pour que nous ayons du bon air pur, bien au-dessus des miasmes de la ville qui ressemble à une grande pieuvre grise, rejetée par quelque marée et venue mourir, exsangue, dans la vallée. Le dimanche, par contre, la circulation n’arrête pas.

Quand je suis revenu du jardin, où j’inspectais mes maigres plantations, j’ai vu que nous avions de la visite : Charles Fournier était assis en compagnie de ma mère devant la table de la terrasse. Sa villa est à cent mètres à vol d’oiseau de la nôtre (et à une vingtaine de mètres plus haut), mais à cause des lacets serrés de la route, il faut parcourir pas loin d’un kilomètre pour faire le trajet entre les deux maisons. Il m’a dit bonjour, Jean, et je lui ai fait salut ! Ma mère m’a demandé si je voulais de l’orangeade, je lui ai dit non. Ça n’a pas l’air de venir, a déclaré Fournier en tournant les yeux vers le ciel qui commençait à être nimbé de mauve à l’horizon de la vallée. Au-delà de la terrasse de graviers gris ceinturée par un léger grillage de principe, à quelques mètres, c’est déjà la route ; elle était encombrée de voitures en stationnement : une DS grenat, une Morris blanche, une 2 CV, et d’autres encore dont je ne connaissais même pas la marque, ou alors j’avais oublié. Les gens étaient debout à côté des voitures, ils regardaient vers la vallée, vers le ciel, ils nous tournaient le dos. En général des familles avec gosses, des promeneurs du dimanche sans originalité ni signes distinctifs. Trois jeunes gens étaient même venus s’asseoir sur la murette de la terrasse, le dos appuyé contre le grillage qui ployait légèrement sous la pression. J’ai dit à Fournier qu’il ne viendrait rien du tout. Fournier a passé sa main dans ses rares cheveux gris, il a souri avec un air entendu et, tourné vers ma mère, a répondu indirectement : Un amateur de science-fiction comme lui, il ne croit pas aux soucoupes volantes ! Je lui ai fait remarquer que c’était bien une réflexion de prof de math, je me suis levé, je suis rentré.

Dans la maison, il faisait frais et sombre.



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