Les contes interdits - La belle au bois dormant - La petite sirène - Le vilain petit canard by Christian Boivin & Sylvain Johnson & Louis-Pier Sicard

Les contes interdits - La belle au bois dormant - La petite sirène - Le vilain petit canard by Christian Boivin & Sylvain Johnson & Louis-Pier Sicard

Auteur:Christian Boivin & Sylvain Johnson & Louis-Pier Sicard [Christian Boivin]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: AdA
Publié: 2020-05-10T22:00:00+00:00


16

Vers minuit, la servante frappa à leurs portes. À tour de rôle, ils furent informés que la comtesse était sur le point de prendre son repas du soir et les invitait à la joindre. Lorsqu’il voulut répondre qu’il n’avait pas faim, Martin se vit interrompre par l’employée, qui leva la main. Elle répéta l’invitation et le jeune homme comprit qu’il s’agissait plutôt d’un ordre qu’on ne pouvait refuser. Il se résigna donc à suivre l’employée dans le couloir, regrettant déjà le sommeil perdu. Gustave et Nancy semblaient tous deux complètement éveillés et se trouvaient déjà dans le corridor. Angie fut la dernière à les rejoindre, dans son fauteuil roulant. Martin aida la sirène à descendre l’escalier, la tenant dans ses bras, tandis que Nancy et Gustave s’occupaient du fauteuil roulant. Au rez-de-chaussée, la sirène réintégra son moyen de locomotion et ils furent tous guidés vers la salle à manger.

Bien entendu, l’ameublement était trop petit pour les personnes normales et la servante invita Nancy et Martin à s’asseoir directement au sol. C’est là qu’ils prendraient leur repas. Gustave put prendre place à la table rectangulaire capable d’accueillir six personnes. La sirène, peut-être en raison de son statut d’invitée d’honneur, fut autorisée à demeurer à la petite table, toutefois trop basse pour le fauteuil. Elle devrait se pencher et s’étirer afin d’atteindre ses ustensiles et son assiette.

Lorsqu’ils furent tous installés, la domestique s’éloigna vers la cuisine adjacente par une porte à battant. La disposition des lieux n’avait rien de particulier, il s’agissait d’une cuisine et d’une salle à manger tout à fait normales, si ce n’était de leur petite taille. Tandis qu’ils patientaient, on leur servit du vin rouge, que tous acceptèrent. Le chandelier éclairait la pièce d’une lueur orangée bienveillante. Une fenêtre permettait de voir l’obscurité au-dehors, de distinguer une cour arrière. Une odeur agréable flottait autour d’eux, la promesse de mets délicieux, et ils se mirent à en avoir l’eau à la bouche. Cela les changerait de la nourriture avariée et sans goût du carnaval ou encore des repas frits des concessionnaires ambulants des différentes villes visitées.

Puis, la comtesse fit son entrée. Son extravagance était à couper le souffle. En commençant par son chapeau, très large et surmonté de ce qui ressemblait à un renard roux empaillé. Une large robe bouffie d’un blanc crème trainait derrière elle, comme une robe de mariée balayant l’allée centrale d’une église au rythme de la marche nuptiale de Wagner. Malgré les différentes couches de vêtements, sa poitrine généreuse était compressée par l’étroitesse du bustier et paraissait capable de déchirer la robe pour leur sauter au visage. Elle portait aussi des souliers à talons aiguilles en verre. Sa démarche témoignait de la difficulté qu’elle éprouvait à marcher adéquatement. Quant à son visage, il avait étrangement été peint en blanc, lui donnant un aspect spectral assez inquiétant. Des cercles noirs entouraient ses yeux, ses lèvres aussi peintes de cette même teinte ténébreuse. Elle portait des verres de contact d’un jaune vif.

La propriétaire des lieux s’avança afin de prendre place à la table, non sans jeter un regard satisfait vers les deux individus au sol.



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