Les chroniques de Blackstone by John Saul

Auteur:John Saul [Saul, John]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique
ISBN: 2290300292
Éditeur: J'ai Lu
Publié: 2000-01-05T23:00:00+00:00

9

Il n’y avait pas que l’aspect de la pièce, même si elle était en piteux état. Le lit – celui dans lequel Rebecca avait dormi pendant douze ans – était carbonisé et trempé. De la porte – Rebecca n’avait pas encore trouvé le courage d’entrer dans la chambre –, elle pouvait deviner que le feu avait d’abord pris dans le lit, avant de se propager autour. Elle ne put contenir un frisson en imaginant Andrea se laisser prendre par le sommeil, une cigarette à la main. Cette cigarette avait dû tomber sur le couvre-lit, puis consumer les couvertures, les draps, avant de creuser lentement son trou dans le matelas.

Mais pourquoi Andrea ne s’était-elle pas réveillée ? La fumée qui envahissait la pièce aurait dû la faire suffoquer. À moins qu’elle ne soit passée directement du sommeil à l’évanouissement, sans se rendre compte de ce qui était en train de lui arriver. Certainement, sinon elle se serait réveillée avant que le feu se propage hors du lit, rampe sur le tapis et grimpe le long des rideaux. Le chambranle des fenêtres était brûlé, et le papier peint pendait en lambeaux noirs. Il faudrait tout enlever dans cette chambre, décoller les morceaux de papier peint et poncer les restes de peinture.

Mais le pire, c’était l’odeur. Cette odeur qui n’avait rien à voir avec celle d’un bon feu de cheminée, agréable et rassurante. C’était une odeur qu’elle n’oublierait plus jamais. Dès que sa tante et elle étaient revenues à la maison, elle l’avait prise à la gorge, et chaque inspiration lui rappelait son réveil affolé en pleine nuit, quand elle s’était rendu compte que la maison était en feu.

Malgré les objections de Martha Ward, Rebecca était entrée dans toutes les pièces de la maison – sauf dans la chapelle – pour ouvrir fenêtres et portes et faire ainsi circuler le plus d’air frais possible. Elle avait enlevé les draps et les couvertures de son lit et de celui de sa tante, et tout mis aussitôt dans la grande machine à laver du sous-sol. Elle savait pourtant que ça ne suffirait pas. Il faudrait laver tous les vêtements, nettoyer tous les meubles. Et même, l’odeur persisterait sans doute. À chaque fois qu’elle entrerait dans cette maison, le souvenir de cette nuit de cauchemar lui reviendrait. Un cauchemar dont elle ne pourrait plus jamais sortir.

Elle était toujours à la porte de la chambre d’Andrea, hésitant à entrer, lorsque sa tante l’appela du bas de l’escalier.

— Rebecca ? Rebecca ! Cette maison ne va pas se nettoyer toute seule.

Rebecca allait s’éloigner de la chambre d’Andrea lorsque quelque chose attira son attention.

Quelque chose qui brillait, contrastant étrangement avec le décor carbonisé de la chambre.

Un objet, sous le lit.

En pénétrant dans la chambre pour aller le ramasser, elle savait déjà ce que c’était.

Le briquet qu’elle avait offert à Andrea deux jours plus tôt. Le briquet en forme de tête de dragon.

Elle essuya la suie qui le recouvrait, puis le fit tourner entre ses mains. Les yeux rouges du dragon lui lancèrent des éclairs.

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