Les bons enfants by Comtesse de Ségur

Les bons enfants by Comtesse de Ségur

Auteur:Comtesse de Ségur [Ségur, Comtesse de]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-08-27T15:44:57+00:00


XIII

Le cochon ivre mort

Le lendemain, à l’heure ordinaire, les enfants se rassemblèrent, et Pierre commença.

« L’histoire que j’ai à raconter n’est pas longue, mais elle est incroyable. »

Sophie. – Alors pourquoi nous la racontes-tu ?

Pierre. – Parce qu’elle est drôle, c’est-à-dire terrible.

Marguerite. – Est-ce que tu vas nous faire peur ?

Pierre. – Non, pas du tout ; au contraire, vous rirez.

Henri. – Et pourquoi dis-tu qu’elle est terrible ?

Pierre. – Tu vas voir. D’abord elle s’appelle le Cochon ivre mort. Tu vois que c’est drôle et terrible. N’est-ce pas, Camille ?

Camille. – Cela me paraît très joli et très amusant.

Pierre. – Ah ! vous voyez, vous autres, ce que dit Camille.

Sophie. – Dis donc, si tu commençais !

Pierre. – Je commence. Je dis donc : Le cochon ivre mort. Remarquez bien que je ne dis pas seulement ivre ; je dis ivre mort.

Léonce. – Mais oui, mais oui ; nous avons remarqué. Commence enfin.

Pierre. – Je commence. Ne m’interrompez plus à présent, parce que, moi d’abord, quand on m’interrompt, cela me brouille les idées et je ne sais plus ce que je dis.

Sophie. – Il me semble que tes idées sont déjà brouillées. Tu parles depuis un quart d’heure pour ne rien dire.

Pierre. – D’abord il n’y a pas cinq minutes, et vous m’interrompez toujours. Je commence. Un jour,... c’est-à-dire un soir,... pas tout à fait soir, mais un peu tard pour le jour. Vous comprenez ?

Léonce. – Oui, oui, va donc !

– Un jour, c’est-à-dire un soir, nous regardions le cuisinier verser de la liqueur de cassis dans des bouteilles ; il y en avait beaucoup. Quand il eut tout versé, il lui restait tous les grains de cassis. Je lui dis :

« Qu’allez-vous faire de tous ces grains, Luche ? Si vous nous en donniez ?

– Oh non ! monsieur Pierre ; cela vous ferait mal : c’est d’une force terrible, à présent que c’est imbibé d’eau-de-vie ; ce n’est plus bon qu’à jeter. »

Et Luche versa ce que contenait le bocal dans une terrine, qu’il mit par terre dehors.

Pendant que Luche bouchait ses bouteilles, un cochon de la ferme vint voir s’il trouverait quelque chose à manger ; il voit la terrine, s’approche, met dedans son gros nez pour savoir ce que c’est, renifle, trouve que cela sent bon, en goûte un peu, le trouve excellent, et mange, mange si vite et si bien, qu’en deux minutes il mange tout. Nous appelons Luche.

« Tenez, Luche, le cochon vous a mangé tout votre cassis.

– Ah ! le vilain gourmand ! dit Luche. Pourvu que ça ne lui fasse pas de mal ! Allons, va-t’en ! » lui dit Luche en le chassant du pied.

Le cochon fait un pas de côté et chancelle ; il va à droite, il va à gauche, il saute, il se roule, il a l’air de danser. Il fait de si drôles de choses que nous nous mettons à rire, que Luche rit ; il appelle toute la maison pour voir un cochon ivre



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