Leoleur de Corps by Rice Anne

Leoleur de Corps by Rice Anne

Auteur:Rice, Anne [Rice, Anne]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


CHAPITRE 14

Un moment, je me mis à dormir d’un sommeil agité, conscient que nous étions dans une petite voiture et que Mojo était avec nous, haletant bruyamment auprès de mon oreille tandis que nous roulions à travers des collines aux bois enneigés. J’étais enroulé dans une couverture et les mouvements de la voiture me rendaient épouvantablement malade. En outre, j’étais secoué de frissons. Ce fut à peine si je me souvenais de notre retour à l’hôtel particulier pour trouver là-bas Mojo qui nous attendait si patiemment. Je me rendais vaguement compte que je risquais la mort dans ce véhicule propulsé à l’essence si un autre entrait en collision avec nous. Cela me semblait une pénible réalité, aussi réelle que la douleur qui me tenaillait la poitrine. Et le Voleur de Corps m’avait roulé.

Les yeux de Gretchen fixaient calmement la route qui sinuait devant elle, les taches de soleil faisant autour de sa tête une ravissante auréole avec tous les fins petits cheveux qui s’étaient détachés de sa grosse tresse et de jolies boucles qui poussaient sur ses tempes. Une religieuse, mais une belle religieuse, songeai-je, fermant les yeux et les ouvrant comme si c’étaient eux qui me l’ordonnaient.

Mais pourquoi cette religieuse est-elle si bonne avec moi ? Parce que c’est une nonne ?

Tout était silencieux autour de nous. Il y avait des maisons parmi les arbres, bâties sur des tertres, dans de petites vallées, et très proches les unes des autres. Sans doute était-ce une banlieue riche, avec ces maisons de bois que des mortels fortunés préfèrent parfois aux demeures vraiment grandioses du siècle dernier.

Nous nous engageâmes enfin dans une allée auprès d’une de ces propriétés, traversant un petit bois d’arbres aux branches dénudées pour venir nous arrêter sans heurt auprès d’une maisonnette aux bardeaux grisâtres, de toute évidence le logement des domestiques ou une sorte de maison d’amis, à quelque distance du bâtiment principal.

Les pièces étaient confortables et chaleureuses. J’aurais voulu m’effondrer dans le lit tout propre, mais j’étais trop sale pour cela et j’insistai pour qu’on me laissât baigner ce corps répugnant. Gretchen protesta vigoureusement. J’étais malade, déclara-t-elle. Je ne pouvais pas me baigner maintenant. Mais je ne voulus rien entendre. Je découvris la salle de bains et refusai d’en sortir.

Puis je me rendormis, adossé au carrelage tandis que Gretchen faisait couler l’eau. La vapeur me semblait douce. Je voyais Mojo allongé auprès du lit, sphinx aux airs de loup qui me surveillait par l’entrebâillement de la porte.

Je me sentais groggy et incroyablement faible, et pourtant je parlais à Gretchen, en essayant de lui expliquer comment je m’étais mis dans cette triste situation et comment il me fallait joindre Louis et La Nouvelle-Orléans pour qu’il pût me donner le sang vigoureux dont j’avais besoin.

À voix basse, je lui confiai bien des choses en anglais, n’utilisant le français que quand, pour une raison quelconque, je ne trouvais pas le mot qu’il me fallait, discourant sur la France de mon temps et sur la petite colonie de La Nouvelle-Orléans où



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