Le troubadour fantome T2 by ARTHUR TENOR

Auteur:ARTHUR TENOR [TENOR, ARTHUR]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2001-08-31T22:00:00+00:00

10

Deux fantômes dans la forteresse

Aussi souples et silencieux que des chats, les trois compagnons rejoignent Isabeau à l’orée du bois. La jeune femme les accueille avec soulagement :

— Vous voici enfin ! J’étais sur le point d’aller vous retrouver. Tout s’est donc bien passé ?

— Non. J’ai dû occire un des mercenaires du baron8, répond le Félin d’une voix sourde.

— Ah, voilà qui est fâcheux, en effet, mais pas tant que le baron ne pourra prouver que c’est à vous qu’il doit cette perte. Souhaitons qu’il l’attribue à Grégoire de Cœur-Léger.

— Au point où j’en suis, je veux bien prendre sur moi ce menu péché, consent le troubadour.

— Cela ne résout pas notre affaire, qu’allons-nous faire de toi ? s’interroge Isabeau. Car si nous te ramenons à mon père, ta tête lui servira à apaiser son baron. Mais si nous te libérons, c’est le chevalier de Bréa qui subira les foudres de son suzerain9. De plus, il ne saurait faillir à son serment de ne point reparaître sans toi.

— Je suggère une troisième solution, dit Grégoire.

— Te jouer à nouveau de nous en prenant la fuite ? insinue Yvain.

— Je suis un troubadour d’honneur, monseigneur. Vous m’avez sauvé la vie, elle vous appartient.

— Et à moi aussi pour une part ! intervient Gilles. J’avais justement besoin d’un domestique, point trop sot, pour laver mes chausses et préparer mes repas. Aussi...

Yvain l’interrompt pour demander à Grégoire :

— Que nous proposes-tu ?

— Avant d’être reconnu par mon hôte, j’ai quelque peu observé ce qui se cache derrière ces sombres murs.

— Et qu’as-tu vu d’intéressant ?

— Eh bien... rien.

— Cela ne fait pas grand-chose. Mais encore ?

— Rien peut signifier beaucoup, messire. Je n’ai pas pu faire plus de trois pas à l’intérieur de cette forteresse sans qu’un garde ne m’interpelle et ne me confine dans une tour. Ma curiosité étant piquée, j’ai essayé de me faufiler par quelques couloirs. Hélas, je fus pris et enfermé dans un cachot. On allait me jeter hors les murs lorsque le baron, apprenant ma présence, me fit venir et ne tarda pas à voir sa bague à mon doigt... Je vous laisse deviner la suite.

— Viens-en aux faits, Grégoire. Nous n’avons pas le temps de bavarder.

— Deux points doivent retenir votre attention : d’abord ce château regorge de mercenaires. Je dirais même qu’il en déborde. Les rustres paraissent trouver le temps bien long; j’ai plusieurs fois entendu certains se quereller tels des chiens de garde affamés de chair fraîche. Ma deuxième observation fut furtive, mais fort intrigante : un énorme bâtiment est gardé, pareil à un coffre renfermant les bijoux de la couronne. Je ne suis guère expert dans les choses de la guerre, mais je gage que votre baron est en train d’aiguiser son épée en fredonnant des chants guerriers.

— Ce que tu as vu, Grégoire, confirme ce que je soupçonnais, remarque le Félin, mais je ne pensais pas que le baron était si près de verser le sang.

— Il nous faut sans retard aller prévenir mon père, dit Isabeau.

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.