Le sphinx by Graham Masterton

Le sphinx by Graham Masterton

Auteur:Graham Masterton [Masterton, Graham]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Pocket
Publié: 2001-04-11T22:00:00+00:00


5

Ils passèrent une nuit agitée sous le sombre baldaquin du lit à colonnes. Lorie portait une longue chemise de nuit en soie couleur fleur de pêcher et, durant les heures troublées du petit matin, tandis qu’il se tournait et se retournait, soupirait et essayait de se détendre sur des draps froissés, Gene ne chercha pas à la toucher ou à la prendre dans ses bras.

Ses sentiments étaient en proie à une agitation ardente. Il savait, quelque part au sein de ce tumulte émotionnel, qu’il aimait toujours Lorie, et que la perdre maintenant serait incroyablement douloureux. De temps en temps, il la regardait, tandis qu’elle était allongée, les yeux fermés et la tête posée sur le grand oreiller garni de dentelles, et elle était tentante et hors de portée, comme elle l’avait toujours été. Puis il pensait à ses seins et à la toison épaisse entre ses cuisses, et il sentait monter en lui un dégoût presque total.

Il ne parvenait pas à comprendre que Lorie soit satisfaite de son corps tel qu’il était. Pour elle, il n’était pas du tout anormal ou laid. Bien plus, elle semblait considérer que les femmes qui n’avaient que deux seins étaient répugnantes et imparfaites. L’esprit de Gene était incapable de saisir cette acceptation du caractère monstrueux de son corps, pas plus qu’un coyote ne pouvait saisir entre ses mâchoires un mouton entier. Ou une gazelle de Smith.

De par son éducation, il avait toujours apprécié les jeunes filles américaines selon une optique strictement Playboy. Des cheveux pleins de vie et de santé, des sourires éblouissants, des yeux brillants et des corps bronzés aux belles courbes. En Floride, la plupart des filles qu’il avait fréquentées répondaient à ces critères, à la seule exception d’une jeune personne, pâlotte et réservée, qu’il avait un jour emmenée, uniquement par pitié, à un concert de John Cage. À la fin du concert, il avait eu de la compassion pour une seule personne : lui-même. Pour Gene, l’idéal de la jolie fille faisait irrémédiablement partie de la philosophie américaine de la vie heureuse, et il lui était parfaitement impossible de comprendre quelqu’un qui n’y souscrivait pas. Néanmoins, cela signifiait que, une fois qu’il aurait clarifié l’attirance perverse de Lorie pour les anomalies physiques, il ferait tout son possible pour l’emmener chez le meilleur plasticien qui soit dans ses moyens.

Alors que l’aube commençait à solidifier les images imprécises de la nuit, Lorie bougea, se tourna sur le côté et tendit le bras pour toucher sa main. Il ne s’écarta pas, malgré l’accélération de son pouls, et il constata qu’il attendait, les nerfs tendus, ce qu’elle allait faire ensuite.

— Gene ? chuchota-t-elle. Tu es réveillé ?

Il grogna.

— Je ne pense pas avoir fermé l’œil de la nuit.

Il y eut un silence, puis le bruissement de draps.

— Je suis désolée, Gene, c’était entièrement de ma faute. J’aurais dû te dire la vérité avant.

Il toussa.

— Oui, peut-être bien. Mais il n’est pas encore trop tard, tu sais. Si tu es d’accord, j’irai consulter un docteur que je connais… enfin, on m’a dit que c’est un spécialiste dans le domaine des hormones.



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