Le sacrifice interdit by Balmary

Le sacrifice interdit by Balmary

Auteur:Balmary
La langue: fra
Format: epub
Tags: LITTERATURE GENERALE
Éditeur: Grasset
Publié: 1986-01-15T00:00:00+00:00


Dieu est vu

Troisième fils : Ham, le fautif. Et aussi Aran, le mort. Il est arrivé quelque chose par le plus jeune des trois fils de Noé, il arrive quelque chose au plus jeune des trois fils de Térah. Je retrouve le rapport faute-symptôme qui m'était apparu en relisant Œdipe et la biographie de Freud. La souffrance révélant la faute. Ici cette faute n'est pas cachée, donc pas enfouie. Mais elle n'a pas trouvé réparation, ni commencement de guérison avant Abram. Est-ce pour cela que le divin se tait pendant dix générations et précisément jusqu'à ce qu'apparaissent des signes de souffrance au temps de Térah : mort d'un troisième fils déjà père et Abram, « père haut », sans fils? Le divin n'est entendu à nouveau que lorsque quelqu'un de la descendance des autres frères, du plus béni, l'aîné, est en route vers la descendance du maudit (Genèse, 12, 5-9) :

Abram prend Saraï sa femme, Lot le fils de son frère,

tout leur acquis qu'ils ont acquis,

et les êtres qu'ils ont faits à Haran.

Ils sortent pour aller vers la terre de Canaan.

Ils viennent en terre de Canaan.

Abram passe par la terre jusqu'au lieu de Sichem,

jusqu'au Chêne de Moré, le Kaanite étant alors sur la terre.

YHWH se fait voir à Abram.

Il dit : « A ta semence, je donnerai cette terre. »

Il bâtit là un autel pour YHWH qui s'est fait voir à lui.

« Le Chêne de Moré » : un nom qui évoque aussi le verbe voir (« le voyant, le devin »). Dans les versets 6 et 7 se trouvent associés un arbre de « voyant », la présence du Cananéen descendant du « voyeur » Ham, et Celui-qui-se-fait-voir à Abram. En hébreu, le verbe n'est pas là aussi actif qu'en français : YHWH est vu vers Abram – le divin n'apparaît pas sur le mode d'une manifestation délibérée; bien plutôt est-il « vu vers » l'autre ; lorsque cet autre ouvre certains yeux en lui qui lui permettent de voir ?

Si l'on pense a priori que le voyage d'Abram vers la terre de Canaan n'a rien à voir avec ce qui est arrivé à Canaan lui-même, il est évidemment possible de négliger les coïncidences, ces points de sens faisant trace ensemble. Il ne s'agit alors que d'écrire l'histoire d'une conquête et non d'un salut. Abram vainqueur de Canaan, ou Abram guérisseur de Canaan ? A-t-il besoin, d'ailleurs, de vaincre puisqu'il est le descendant des frères dont Canaan a été destiné à être l'esclave ? Abram le béni visite l'homme déchu.

Coïncidences...

Je me souviens d'un séjour dans les Alpes où lors d'une discussion à propos de ma précédente recherche, une femme m'avait dit : « Est-ce qu'il n'y a pas trop de coïncidences dans votre livre ? » J'avais dû trouver une réponse évasive à ce reproche direct, du genre : ne pensez-vous pas qu'il y en a aussi dans la vie ? Or, à présent que je suis dans la rédaction de cette seconde recherche, quelque six années après, et



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.