Le petit palefrenier de l’enfer by Henry Oster

Le petit palefrenier de l’enfer by Henry Oster

Auteur:Henry Oster
La langue: eng
Format: epub
Éditeur: CITY Editions
Publié: 2023-07-05T15:43:53+00:00


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La traversée infernale et le nazi cyclope

Mon poste de coursier me laissait la liberté de trouver de la nourriture, mais il me mettait également parfois dans des situations qui me terrorisaient. À Auschwitz, vous pouviez vous imaginer être en sécurité, pour vous retrouver mort la minute d’après. Je ne savais donc jamais dans quel piège je pouvais tomber.

Tous les vingt jours, on nous donnait une douche dans un baraquement spécial adjacent aux latrines du camp principal. Après le travail, alors que la nuit était tombée depuis longtemps, nous autres, palefreniers, étions conduits dans le baraquement, où on nous ordonnait de nous déshabiller. Les nazis cherchaient constamment des signes de faiblesse. Les portes d’Auschwitz voyaient arriver toujours plus de détenus. Pour faire de la place, les personnes déjà présentes devaient mourir. C’était le terminus. Si vous paraissiez blessé, malade, ou plus affamé que les autres, vous étiez sélectionné pour mourir.

Les vautours de la SS profitaient de ces douches occasionnelles pour examiner leurs prisonniers. Étant donné que nous étions nus et en rang, ils avaient tout loisir de scruter nos corps rachitiques, de voir si nous portions des blessures ou un quelconque signe de maladie, de déterminer si nous pouvions survivre à quelques semaines supplémentaires d’esclavage. Ou si nous étions usés jusqu’à la moelle, périmés, ne valant pas la peine d’être nourris un jour de plus.

Nous avions tous entendu, à travers le camp, en quoi consistaient ces sélections. Si vous preniez une douche, vous étiez sauf. Dans le cas contraire… pas de chance pour vous. Les prisonniers qui n’étaient pas sélectionnés pour la douche étaient sortis du rang, forcés de se rhabiller et tenus à l’écart, dans les baraquements.

Au petit matin, ces pauvres Juifs tout sales grimpaient dans un camion, direction les chambres à gaz de Birkenau.

Pour une raison que j’ignorais, mes camarades palefreniers et moi semblions immunisés contre ces sélections. Peut-être un nazi quelconque avait-il donné l’ordre de ne pas nous tuer. Nous ne sûmes jamais vraiment pourquoi, mais notre groupe de 131 garçons eut toujours droit à sa douche.

C’était une chance pour nous, mais cette expérience était tout de même déchirante. Nous n’avions pas d’autre option que de dépasser la foule d’hommes qui avaient été extraits de la queue avant notre arrivée. Ils étaient surveillés toute la nuit, afin d’éviter qu’ils ne se cherchent une cachette, tentent de fuir dans le camp ou confient leur sort aux autres prisonniers. Une fois que les nazis les détenaient, ils ne les lâchaient plus jamais.

Étant donné que nous rentrions au camp plus tard que tout le monde, nous étions forcés de passer devant presque chaque prisonnier sélectionné pour mourir le lendemain matin. Imaginez-vous plonger les yeux dans ceux d’un homme – un homme qui n’a rien fait de mal – qui vient tout juste de comprendre que ce serait sa dernière nuit sur Terre. Maintenant, multipliez cela par cent ou plus – le nombre de pauvres Juifs condamnés qui étaient déjà sélectionnés quand nous autres avancions, nus comme des vers, pour prendre notre douche.



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