Le Monde enfin by Jean-Pierre Andrevon

Le Monde enfin by Jean-Pierre Andrevon

Auteur:Jean-Pierre Andrevon [Andrevon, Jean-Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science Fiction
ISBN: 2-265-08230-9
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 2006-01-01T05:00:00+00:00


Elle demeura toute la journée collée à la porte du cercueil. Elle ne quittait pas des yeux la louve qui léchait ses petits pour les débarrasser de la pellicule gluante qui les recouvrait, et qui ensuite nettoya toutes les saletés qu’elle avait faite dans le cercueil, en mangeant ce qui avait coulé de son derrière. La louve la surveillait aussi, par en dessous. Quand elle faisait mine de pénétrer dans le cercueil, la louve grognait. Mais pas aussi férocement qu’au début. Peut-être qu’elle s’habituait à sa présence.

La princesse – mais la princesse de qui ? Les rats n’avaient pas reparu – passa toute la nuit suivante sans dormir, accroupie devant la porte du cercueil. La louve ne dormit pas non plus, elle s’occupait de ses petits, elle les léchait, elle les léchait. Sa maman à elle l’avait-elle léchée de cette manière quand elle était sortie de son ventre ? Elle aurait bien voulu le savoir ; mais cette idée la dégoûtait plutôt, à cause de l’odeur.

De temps en temps, la louve levait la tête pour la regarder, ses yeux d’or poinçonnés par la lueur de la bougie allumée devant le cercueil. Elle ne semblait pas capable de lui parler comme le faisaient ses sujets les rats mais, quand même, une onde de contentement confiant lui parvenait, montant de la grosse tête poilue. Elle en fut réconfortée. Elle avait compris que si la louve avait pénétré dans la cave, c’était pour fuir le froid de l’hiver, la neige, la glace, afin de mettre ses petits au monde dans un endroit abrité. Abrité, oui, mais le froid ? Il faisait froid, toujours aussi froid, son nez avait recommencé à couler. Alors, un peu avant que ne se condensent les premières brumes grises du matin, elle alluma devant le cercueil un grand feu avec beaucoup de livres.

La louve eut l’air intéressée par le feu. Elle ne grognait plus, le reflet des flammes orangées dansait dans ses prunelles, l’ombre de ses oreilles pointues dansait contre le fond de la caisse. L’onde de contentement monta. Elle brûla tant de livres et de magazines que le feu tint jusqu’à ce que le jour gris eut atteint son maximum de clarté, correspondant au milieu de la journée. À ce moment-là, elle se rendit compte qu’elle avait faim. Elle alla dans les travées pour se choisir à manger. C’est alors qu’elle se bâfrait de sardines que l’idée lui vint. Elle avait nourri les rats. Pourquoi ne ferait-elle pas pareil avec la louve ? Elle retourna chercher des boîtes, celles que les rats aimaient. Elle vida leur contenu dans des assiettes en plastique et porta le tout dans le cercueil.

« C’est pour toi, maman louve, dit-elle. Pour toi et tes petits. Mange, mange, c’est bon. »

La maman louve la regarda faire pendant un moment, sans bouger, en grognant très légèrement. Mais ce n’était pas un grognement de colère, seulement de surprise. Ses dents dépassaient de ses babines entrouvertes. Elle finit par se pousser en avant sur ses pattes, sans véritablement se lever.



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