Le manoir de Merval (L'integrale) by Michel Bellin

Auteur:Michel Bellin [Bellin, Michel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller psychologique
Éditeur: Editions pontifeX

***

Monsieur Karl rentra au manoir vers dix heures du matin. Alban qui s’était levé tôt après une bonne nuit de sommeil travaillait au bureau, terminant de classer le courrier.

- Avez-vous fait bon voyage, Monsieur ? demanda-t-il en se levant quand son patron pénétra dans la pièce.

- Très bon, très bon, merci. Et n’oublie pas : pas de Monsieur, Karl tout simplement. À peine ai-je disparu vingt-quatre heures que tu oublies la consigne ! Mais ce n’est pas grave, remets-toi. Et tu ne vas pas te lever chaque fois que tu me verras me pointer ici, n’est-ce pas ?

Alban acquiesça en piquant du nez.

- Alors, quoi de neuf ?

- Rien de bien particulier, Karl. Prospectus, factures, catalogues, et voici votre courrier personnel.

Alban tendit une poignée de lettres que son interlocuteur posa négligemment sur un coin du bureau. Il parcourut la pile de journaux et quelques factures.

- Et toi, as-tu passé un bon week-end ? Cette balade près du lac ? Je suis sûr que le grand air t’a fait beaucoup de bien, l’exercice aussi. D’ailleurs, tu as une mine splendide.

Une lueur d’ironie passa dans ses yeux.

- Euh… oui, merci. Merci du compliment. C’était une belle journée. J’avais demandé à votre chauffeur de me faire découvrir la région.

- Ah ! ce cher José. Un guide émérite, n’est-ce pas ? C’est très bien, vraiment très bien. Et surtout, ne vas pas croire que je vous reproche cette sortie, bien au contraire !

Il changea soudain de sujet.

- Il faudrait que tu te trouves une voiture, un véhicule personnel. Qu’en dis-tu ? Tu te sentiras ainsi plus libre dans tes mouvements. Si tu veux, je peux t’avancer l’argent, sans intérêt s’entend. Tu me rembourseras à ton rythme. Je connais d’ailleurs quelqu’un à Saverne qui pourrait te proposer quelques excellentes occasions. Quand tu voudras, on y fait un saut.

Pris de court, encore sous le coup de la première remarque de Karl, Alban ne sut que bredouiller.

- Merci… merci Karl… euh, je vais y réfléchir.

Son patron lui lança un regard amusé et se replongea dans son courrier. « Comment a-t-il su ? Et si vite ? » Ces questions tournaient dans la tête d’Alban à lui en donner le vertige. Il n’avait plus le cœur à travailler, avait plutôt envie de sortir tant la présence de Karl lui pesait. Et le silence s’épaississait. José ? Mais entre le moment où la voiture s’était garée et celui où Karl avait pénétré dans le bureau, il n’avait pas eu le temps de rencontrer José. Lui aurait-il téléphoné avant de débarquer ?

Le boss se rendait compte du trouble de son secrétaire mais n’en laissa rien paraître. Il se leva brusquement.

- Bon, rien d’important, conclut-il en fourrant son courrier personnel dans un tiroir. Pour les factures, tu peux les régler comme d’habitude. Je te laisse. On se retrouve pour le déjeuner ? J’ai besoin d’une bonne douche et aussi de prendre l’air. Tous ces kilomètres d’autoroute m’ont ankylosé le dos.

Il se dirigea vers la porte, se ravisa soudain.

- Ah ! J’allais

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