Le mandat du ciel by Jirô Asada

Le mandat du ciel by Jirô Asada

Auteur:Jirô, Asada [Jirô, Asada]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Litterature asiatique
ISBN: 2-87730-418-3
Éditeur: Philippe Picquier Éditions
Publié: 1999-01-20T05:00:00+00:00


7

L’été de l’an 13 de l’ère Kouang-siu fut plus long et plus chaud que d’ordinaire. Toute la zone du Hopei souffrit de la sécheresse et, à la capitale, les rumeurs affirmaient que l’on ne pourrait pas espérer grand-chose de la récolte d’automne. Si l’impératrice d’Occident et l’empereur Kouang-siu quittèrent plus tard que d’habitude le palais d’été de Jehol cette année-là, c’est qu’ils attendaient l’arrivée des premières fraîcheurs pour rentrer à la capitale.

Ce retour tardif arrangeait en un sens les lettrés de l’académie Hanlin, qui avaient passé tout l’été à Pékin accaparés par leurs travaux de compilation. Mais ils ne pouvaient s’empêcher de réprimer des murmures de récrimination à l’égard de ces souverains qui prenaient leurs aises loin de la chaleur, à un moment de pareille incertitude dans les affaires du pays.

Le ministre des Affaires Militaires et les autres importants personnages qui dirigeaient la politique de l’empire avaient accompagné l’empereur à Jehol, laissant en leur absence à Yi-houan, prince Tch’ouen, le soin de régler seul les suites de la guerre sino-française.

Cette décision revenait en fait à suspendre tout l’été le fonctionnement de l’empire. Confiées aux mains de ce prince mou et indécis, les négociations d’après-guerre avec la France, pourtant capitales, n’avançaient guère.

Tout le monde attendait l’automne, avec des sentiments mêlés.

Les trois premiers lauréats de l’examen du palais furent conviés à une audience avec l’impératrice d’Occident dix jours après le retour de celle-ci en calèche du palais d’été.

En temps ordinaire, cette cérémonie se déroulait à la fin du printemps, mais la précieuse impératrice d’Occident avait fui la capitale très tôt, chassée par l’arrivée précoce des chaleurs estivales, si bien que l’audience avec les lauréats s’était vue retardée de quatre mois.

L’audience devait se dérouler dans la cour intérieure du palais de la Nourriture de l’Esprit, dans le pavillon chauffé de l’Est, lieu où l’impératrice douairière assistait aux audiences politiques, dissimulée derrière un rideau.

Depuis que l’empereur Yong-tchen avait choisi de s’y installer pour administrer les affaires de l’État, le palais de la Nourriture de l’Esprit était resté l’axe central où se jouait la politique de l’empire : au cours des cent soixante années qui s’étaient écoulées, sept empereurs successifs y avaient tenu leurs réunions quotidiennes avec les ministres. Cependant, depuis le règne de l’empereur T’ong-che auquel l’empereur-enfant Kouang-siu avait succédé, c’était l’impératrice douairière qui supervisait les affaires de l’État et elle avait pris l’habitude d’assister, cachée derrière un rideau, aux audiences politiques qui se déroulaient dans ce petit pavillon que l’on appelait le « bâtiment chauffé de l’Est ».

Les trois lauréats durent attendre longuement, un genou à terre, que l’impératrice daigne les recevoir. Pas un souffle de vent ne pénétrait dans la petite salle et il était pénible d’attendre ainsi, immobilisé dans une position peu naturelle.

Le ministre des Rites et le prince impérial Tch’ouen, qui les accompagnaient, discutaient, debout tous les deux, mais il était impensable que des lauréats nouvellement nommés imitent pareille attitude. Les jambes ankylosées, le dos mouillé de sueur sous ses vêtements de cour, Liang Wen-sieou commençait à perdre patience.

— Qu’attendent-ils



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