Le maître de ballantrae by Robert Louis Stevenson

Le maître de ballantrae by Robert Louis Stevenson

Auteur:Robert Louis Stevenson [Stevenson, Robert Louis]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Publié: 1889-07-02T23:00:00+00:00


Chapitre 7

Aventures du chevalier Burke dans l’Inde

(Extrait de ses mémoires)

Je m’étais donc égaré par les rues de cette ville, dont j’ai oublié le nom, et je la connaissais alors si mal que j’ignorais s’il me fallait prendre au Nord ou au Sud. Vu la soudaineté de l’alerte, je m’étais précipité au-dehors sans souliers ni bas ; j’avais perdu mon chapeau dans la bagarre ; mon violon de poche était tombé aux mains des Anglais ; j’avais pour seul compagnon le cipaye, pour seule arme ma seule épée, et pas un rouge liard en poche. Bref, j’étais absolument dans la situation d’un de ces calenders que M. Galland nous a fait connaître dans ses jolis contes. On sait que ces gentlemen rencontraient sans cesse des aventures extraordinaires ; et il m’en était réservé une si étonnante que je n’en suis pas encore revenu aujourd’hui.

Le cipaye était un très brave homme : il avait servi des années sous les couleurs françaises, et se serait laissé couper en morceaux pour un quelconque des braves concitoyens de Mr. Lally. C’est le même individu (son nom m’échappe) dont j’ai déjà conté un exemple étonnant de générosité d’âme, lorsqu’il nous trouva, M. de Fassac et moi, sur les remparts, entièrement perdus de boisson, et nous cacha sous de la paille tandis que le commandant passait par là. Je le consultai donc en toute franchise. Que faire ? La question était délicate. Nous décidâmes finalement d’escalader le mur d’un jardin, où nous pourrions dormir à l’abri des arbres, et, qui sait, nous procurer une paire de sandales et un turban. Nous n’avions que l’embarras du choix, dans cette partie de la ville, car le quartier comprenait uniquement des jardins clos de murs, et, à cette heure de la nuit, les allées qui les séparaient étaient désertes. Je fis la courte échelle au cipaye, et nous nous trouvâmes bientôt tous les deux dans un vaste enclos plein d’arbres. Ceux-ci dégouttaient de rosée, fort nuisible en ce pays, surtout pour les Blancs ; néanmoins, comme j’étais brisé de fatigue, je dormais déjà à moitié lorsque le cipaye vint me rappeler à la réalité. À l’autre bout de l’enclos, une lumière brillante avait soudainement paru, qui continua de brûler paisiblement parmi le feuillage. La circonstance était fort insolite, en un tel endroit et à cette heure ; et, dans notre situation, elle nous incitait à n’avancer qu’avec circonspection. J’envoyai le cipaye en reconnaissance, et il revint bientôt m’apporter la nouvelle que nous étions tombés au plus mal, car la maison appartenait à un homme blanc, qui était, selon toute vraisemblance, anglais.

– Ma foi, dis-je, s’il y a là un homme blanc, je veux lui donner un coup d’œil ; car, grâce à Dieu, il y a plus d’une sorte de Blancs !

Donc, le cipaye me conduisit à un endroit d’où je pouvais bien voir la maison. Elle était entourée d’une large véranda ; il y avait à terre une lampe, bien mouchée, et de chaque côté de la lampe se tenait assis un homme, jambes croisées, à la manière orientale.



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