Le Ferry by Mats Strandberg

Auteur:Mats Strandberg [Strandberg, Mats]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Divers
Éditeur: Bragelonne
Publié: 2017-06-13T22:00:00+00:00

Göran

Göran se tient à la main courante pour descendre l’escalier en pente raide devant le pont des voitures. Il n’a pas très envie de tomber et de se rompre le cou.

Il ouvre la porte qui débouche sur le deuxième pont, constate avec une grimace que l’odeur de fosse septique a empiré. Il continue la descente en respirant par la bouche, tourne vers la droite pour retrouver le petit couloir de la cabine de Marianne. Heureusement, il s’est souvenu du numéro. L’une des portes au début du couloir est entrouverte. Derrière, tout est plongé dans le noir. Il se demande s’il devrait la rabattre. Peut-être que celui qui est en train de dormir à l’intérieur a oublié de la fermer ? Mais il laisse tomber l’idée. Ce n’est pas son problème.

Il avance jusqu’à la porte de Marianne tout au fond du couloir. Frappe doucement. Remet son catogan en place. Se balance d’un pied sur l’autre, tel un écolier anxieux.

— Marianne ? appelle-t-il. C’est moi. Göran.

Il patiente. Écoute attentivement. Mais il n’entend aucun bruit venant de la cabine 2015. Il hésite un instant. Veut-il vraiment la réveiller ? Oui. Il le veut. Il veut la retrouver. Il veut s’allonger près d’elle, dans les draps où ils ont fait l’amour. Il frappe encore une fois. Un peu plus fort cette fois-ci.

Est-elle éveillée ? Est-elle fâchée contre lui ? Elle avait l’air si déçue quand il lui a dit qu’il partait, mais il avait cru qu’elle le suivrait. Que c’était évident. Et quand il s’est rendu compte qu’il avait tout foiré, c’était déjà trop tard. Elle avait l’air de souhaiter qu’il déguerpisse le plus vite possible. Peut-être ne veut-elle plus le voir du tout.

Il frappe pour la troisième fois. Entend un bruit de pas traînant. Mais qui ne vient pas de la cabine de Marianne.

Göran se retourne. Ne voit personne dans le couloir. Pourtant, la porte entrebâillée semble s’être ouverte un peu plus.

Brusquement, il est convaincu que quelqu’un est tapi dans l’obscurité, en train de l’observer. En soi, ce n’est pas très étonnant, mais Göran est parfaitement conscient qu’il se trouve dans un cul-de-sac avec personne dans les parages.

Il se tourne vers la porte de Marianne. Tape très fort.

Sur les ponts au-dessus de lui, la foule se presse. De la vie et du mouvement. De la musique et de l’air frais. Il essaie de l’évoquer, mais c’est difficile d’y croire ici, en fond de cale.

L’obscurité dans l’entrebâillement de la porte semble se répandre dans le couloir. Tous ses muscles contractés, il tend l’oreille.

C’est ridicule. Il s’agit probablement d’un simple curieux qui l’observe depuis sa cabine. Et puis quoi ? Il devrait faire de même, ouvrir grand sa porte pour lui rendre son regard.

Au lieu de cela, il rebrousse chemin dans le couloir, sans lâcher des yeux la porte entrouverte. Son cœur se met à palpiter quand il croit détecter un mouvement à l’intérieur.

En contournant l’angle du corridor, il se sent soulagé. Il voit un escalier tout près, un autre que celui qu’il a emprunté pour descendre.

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