Le complexe de Zeus by Jean-Baptiste Bonnard

Le complexe de Zeus by Jean-Baptiste Bonnard

Auteur:Jean-Baptiste Bonnard [Bonnard Jean-Baptiste]
La langue: fra
Format: epub
Tags: histoire, histoire ancienne, Zeus, paternité, génération, psychanalyse, complexe, filiation, volonté de puissance, déni, masculinité, femme
ISBN: 9791035102005
Éditeur: Éditions de la Sorbonne
Publié: 2019-02-08T13:16:46+00:00


Cet argument de l’épuisement post coitum des animaux indique, semble-t-il, que la semence ne provient pas davantage de la moelle que de la graisse et/ou de la chair, c’est-à-dire qu'elle ne provient ni de l’une ni des autres, ou bien qu'elle est issue à la fois et autant de l’une et des autres. Ces deux interprétations posent problème. La première suppose que cet épuisement sensible est, pour ces trois physiologues, sans rapport avec l’accouplement. On comprend mal, dans ce cas, pourquoi ils auraient invoqué cet argument ou, plutôt, pourquoi ils n’auraient pas pris la peine, dès lors qu’ils l’invoquaient, de le réfuter clairement. La seconde interprétation fait peu de cas de la scholie e medullis semen profluere16. Elle range en outre un pythagoricien parmi les partisans de la pangenèse17, ainsi que l’a fait remarquer Timpanaro-Cardini, pour qui la comparaison avec l’épuisement du bétail (hi enim [...] respondent) est un argument qui vaut surtout pour Anaxagore et Démocrite, car il s’accorde avec leur théorie de la pangenèse, et non pour Alcméon qui « représente la plus antique théorie, la théorie encéphalo-myélogénétique de la semence, à laquelle est associé aussi Hippon »18. Faut-il donc, rejetant purement et simplement Censorinus au profit d’Ætius, penser que la semence provient du cerveau et de la moelle à la fois ? La réponse est peut-être plus subtile. La contradiction apparente entre les deux témoignages a été résolue par Lesky19, qui a conclu de leur confrontation qu’Alcméon nous offre la manifestation la plus ancienne de la théorie encéphalo-myélogénétique sur l’origine de la semence. Celle-ci viendrait bien du cerveau mais par l’intermédiaire de la moelle. Antonio Capizzi et Giovanni Casertano parviennent aux mêmes conclusions20, mais supposent, on comprend mal comment, que le médecin de Crotone fondait cette observation sur l’étude de foœtus avortés. Alcméon fut donc le premier à soutenir cette théorie. Il ne fut pas le seul.

Censorinus rapporte, au même endroit, que pour Hippon aussi la moelle est à l’origine de la semence. Le philosophe et médecin Hippon, qui vécut au ve siècle avant notre ère, principalement en Grande Grèce, était probablement originaire d’Asie Mineure (peut-être de Samos) et professait d’ailleurs des théories cosmologiques empruntées à Thalès qui lui valurent de passer pour athée. La découverte, à la fin du xixe siècle, d’un papyrus des ier/iie siècles de notre ère, l’Anonyme de Londres (édité par Diels en 1893 qui a montré que la source de ce document est l’encyclopédie médicale rédigée par Ménon, le disciple d’Aristote), a révélé qu’il avait développé des théories médicales d’inspiration pythagoricienne, peut-être apprises à Rhégium, Crotone ou Métaponte où il est réputé avoir vécu. Voici le témoignage que nous rapporte Censorinus :

Hipponi [...] ex medullis profluere semen videtur idque eo probari, quod post admissionem pecudum, si quis mares interimat, medullas utpote exhaustas non reperiat.

« Hippon [...] est d’avis que la semence est une manifestation visible de la moelle. Il en prend pour preuve la disparition de la moelle chez les mâles d’un troupeau de gros bétail qu’on tue après une saillie : c’est comme si elle avait été complètement épuisée »21.



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