L’Ambigu Monsieur Macron by Marc Endeweld

L’Ambigu Monsieur Macron by Marc Endeweld

Auteur:Marc Endeweld
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Flammarion
Publié: 2015-10-15T00:00:00+00:00


Mais il n’y a pas que sur Florange qu’Arnaud Montebourg s’estime « trahi » par Emmanuel Macron. Au printemps 2014, le chef de l’État et le gouvernement montent au créneau sur le dossier Alstom. Son PDG, Patrick Kron, soutenu par son principal actionnaire Bouygues, a décidé, dans la plus grande discrétion, de vendre une bonne partie de l’entreprise au géant américain General Electric. Comment un joyau industriel national comme Alstom pourrait-il être racheté par des Yankees ? Arnaud Montebourg, devenu le ministre de l’Économie à l’occasion du remplacement de Jean-Marc Ayrault par Manuel Valls, sonne le tocsin.

En quelques semaines, Bercy, Matignon et l’Élysée suscitent l’émergence d’une seconde offre, proposée conjointement par l’allemand Siemens et le japonais Mitsubishi. La pression monte sur General Electric (GE). Mais, en réalité, à l’Élysée, Emmanuel Macron n’est pas convaincu par les propositions d’Arnaud Montebourg. Le secrétaire général adjoint de l’Élysée est pour le moins sceptique, et n’hésite pas à ironiser sur les projets du ministre de l’Économie lors de réunions interministérielles : « Il usait beaucoup de second degré. En fait, Macron prenait clairement Montebourg pour un con », se souvient un ex-conseiller de l’ancien ministre. « De toute manière, le mariage se fera avec General Electric », confie alors Macron à un proche. La banque conseil de Bouygues, Rothschild, se fait alors un malin plaisir à transmettre des notes à son ancien associé…

Matignon et l’Élysée sont sur la même ligne, mais sont désireux d’éviter un second Florange. Sur la thématique du « patriotisme économique », si chère à Arnaud Montebourg, Manuel Valls défendra ainsi auprès de François Hollande les décrets dit « IEF » (Investissements étrangers en France), proposés par le ministre de l’Économie, alors que le président de la République y était plutôt opposé. Le 14 mai 2014, le Premier ministre signe ainsi le décret « relatif aux investissements étrangers soumis à autorisation préalable », qui doit permettre à l’État de s’opposer à la prise de contrôle d’un très grand nombre d’entreprises françaises, et pourquoi pas… Alstom. Une manière de gonfler les muscles face aux Américains.

Une nouvelle fois, le couple Macron-Montebourg ne se retrouve pas sur la même ligne. Si le premier aide des jours entiers le second à constituer l’offre Siemens-Mitsubishi, c’est pour mieux l’évacuer au final. « Sur Alstom, Macron a joué en faveur de Patrick Kron et Gaymard [la présidente de GE France], nous confie un proche du dossier. Montebourg a été obligé de plier, même s’il a sauvé les apparences. » Le choix final se fait le 19 juin, lors d’une réunion à l’Élysée autour de François Hollande. Autour de la table : le Premier ministre Manuel Valls, les ministres Ségolène Royal, Arnaud Montebourg, leurs directeurs de cabinet respectifs, et les conseillers du président Jean-Pierre Jouyet et Emmanuel Macron. Quand Montebourg prend la parole, il se fait solennel : « Nous avons deux solutions, dit-il. Celle de Mitsubishi et Siemens est la meilleure. Je souhaite utiliser le décret pour empêcher le rachat par General Electric7. » Une heure avant,



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