La stylistique by Gardes Tamine Joëlle

La stylistique by Gardes Tamine Joëlle

Auteur:Gardes Tamine, Joëlle [Gardes Tamine, Joëlle]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Manuel, France, Stylistique, Littérature
Éditeur: Wartz2luxe - Giga (Wartz - TAZ)
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


1.2. Mimesis et diegesis

Cette question de la représentation est liée à celle de la mimesis et de la diegesis, dont on dira un mot, puisque ces termes ont été largement utilisés en critique littéraire et en narratologie. Au chapitre iii de la République, Platon distinguait pour le poète deux façons de parler : « N’y a-t-il pas récit quand [le poète] rapporte, soit les divers discours prononcés, soit les événements intercalés entre ses discours ? Il est une espèce de récit opposé à celui-là, quand, retranchant les paroles du poète qui séparent les discours, on ne regarde que le dialogue. » Le critère du mimétique, qui apparaît dans le deuxième cas, est ainsi la présence de paroles livrées sans l’intervention de l’énonciation responsable d’un narrateur. Si le poète suit dans tout son poème le principe d’imitation, il produit une tragédie ou une comédie, s’il raconte l’histoire en ne donnant que de temps en temps la parole aux personnages, on a affaire à l’épopée. Platon identifie donc le texte intégralement mimétique avec le genre théâtral. On retiendra de cette opposition, qui, chez Platon, a par ailleurs des fondements philosophiques, que le texte de théâtre qui reproduit des dialogues conduit le stylisticien à y étudier par exemple son lien avec l’oral, la façon dont il révèle le caractère des personnages et la tension qui existe entre eux, ou la manière dont il fait avancer l’intrigue puisque le langage, qui occupe tout l’espace textuel, sans intervention d’événements, devient action. En revanche, les textes narratifs sont soumis à la présence organisatrice d’une énonciation centrale et c’est l’incidence de cette instance qui devient le problème majeur. À vrai dire, le texte de théâtre peut devenir narratif quand il fait intervenir le récit, comme dans Phèdre le récit de Théramène, et le texte narratif peut être mimétique quand les paroles des personnages semblent être reproduites telles quelles, par le discours direct. Mais les proportions sont inverses.

Chez Aristote, la définition de la mimesis change, car ce qui importe pour lui, c’est que le poème, dramatique ou épique, reproduise les actions humaines. La mimesis devient représentation d’actions humaines par le langage. Le problème essentiel posé par Aristote est celui de la nature de cette imitation. Elle n’est jamais passive, mais fondamentalement créatrice. Pour lui, le poète, à la différence de l’historien, construit, selon une rationalité qui est de l’ordre du général et de la nécessité, une intrigue qui obéit aux règles de la vraisemblance et de l’art. La mimesis est toujours créatrice, parce qu’elle sélectionne, elle filtre les actions à présenter, elle les organise, et elle le fait en fonction des moyens de cette imitation. Bien que ces exemples ne soient évidemment pas ceux d’Aristote, on voit par exemple que les moyens mis en œuvre dans l’épopée ou le roman ne sont pas les mêmes.

On retiendra de cette analyse quelques données intéressantes. En premier lieu, l’idée que l’imitation, que l’on ferait mieux d’appeler comme certains traducteurs de La Poétique d’Aristote5, la représentation, n’est jamais reproduction ou simple copie.



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