La servante écarlate by Atwood Margaret

La servante écarlate by Atwood Margaret

Auteur:Atwood, Margaret [Atwood, Margaret]
La langue: eng
Format: epub
Tags: SF
Éditeur: J'ai lu
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Pour les générations qui viendront plus tard, disait Tante Lydia, ce sera tellement mieux. Les femmes vivront ensemble en harmonie, elles formeront une seule famille : vous serez comme leurs filles, et quand le niveau de la population sera rééquilibré, nous n’aurons plus à vous transférer d’une maison à l’autre parce que tout le monde pourra être servi. Il peut se créer des liens d’affection véritable, disait-elle en battant des paupières de manière engageante, dans de telles conditions. Les femmes unies dans un but commun ! À s’aider l’une l’autre dans les corvées quotidiennes, tout en cheminant ensemble sur le sentier de la vie, chacune exécutant la tâche qui lui incombe. Pourquoi s’attendre à ce qu’une seule femme remplisse tous les rôles nécessaires au fonctionnement serein d’une maison ? Ce n’est ni raisonnable ni humain. Vos filles jouiront d’une plus grande liberté. Nous œuvrons pour que chacune, chacune d’entre vous possède son petit jardin, et – encore, les mains jointes, la voix haletante – et ce n’est qu’un exemple. Le doigt levé, brandi devant nous. Mais nous ne pouvons tout de même pas être des porcs avides et trop exiger avant l’heure, n’est-ce pas ?

Le fait est que je suis sa maîtresse. Les hommes haut placés ont toujours eu des maîtresses, pourquoi en irait-il autrement maintenant ? Les arrangements ne sont pas tout à fait les mêmes, d’accord : les maîtresses vivaient de leur côté, dans une petite maison ou un appartement, et maintenant ils ont amalgamé le tout. Mais au fond c’est la même chose. Plus ou moins. On les appelait les femmes d’extérieur dans certains pays ; je suis une femme d’extérieur. Mon rôle est de fournir ce qui manque par ailleurs. Même le Scrabble. C’est une position absurde et ignominieuse à la fois.

Quelquefois je me dis qu’elle sait. Quelquefois je crois qu’ils sont de connivence ; quelquefois je pense qu’elle l’a encouragé, et à présent se moque de moi, comme je me moque parfois, et avec ironie, de moi-même. Elle peut se dire « À elle de s’en charger ». Peut-être s’est-elle éloignée de lui, presque complètement, peut-être est-ce là sa version de la liberté.

Mais pourtant, et c’est assez stupide, je suis plus heureuse qu’avant. D’abord, c’est une occupation, quelque chose pour combler le temps, le soir, au lieu de rester seule dans ma chambre, c’est quelque chose d’autre à quoi penser. Je n’ai pas d’amour pour le Commandant, ni rien d’approchant, mais il m’intéresse, il occupe l’espace, il est plus qu’une ombre.

Et réciproquement. Pour lui je ne suis plus simplement un corps utilisable. Pour lui je ne suis pas juste un navire sans cargaison, un calice sans vin dedans, un four – pour être grossière – sans biscuit. Pour lui je ne suis plus simplement vide.



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