La science en question(s) by Wieviorka Michel

La science en question(s) by Wieviorka Michel

Auteur:Wieviorka, Michel [Wieviorka, Michel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Sociologie
Éditeur: Sciences Humaines
Publié: 2014-01-14T23:00:00+00:00


L’importance des mots-clés

Sur le Web, cette façon de lire par « zapping » est fondamentale. Mais elle n’est pas la seule. Ce sont aujourd’hui certains mots-clés qui font la différence. Afin de bénéficier d’un meilleur référencement, d’une meilleure remontée de l’information via les moteurs de recherche tel Google, il faut savoir choisir les plus efficaces. Il est par ailleurs possible, et ce sont des possibilités nouvelles, d’en faire le suivi (les « tendances » sur Google).

Ainsi, avant novembre 2013, nous avons pu par exemple relever parmi les 10 premiers mots-clés science et high-tech en vogue (dans la semaine précédant le 6 novembre 2013) : Gravity (3e), Physique (5e), Big bang theory (6e), DNA (10e). « Atome », « Pythagore » et ADN étaient quant à eux à surveiller. Dans le domaine de la santé, durant le mois d’octobre, les mots plébiscités par les requêtes des internautes étaient les suivants en ordre décroissant : « pharmacie », « cigarette électronique » et « cannabis ». « Burnout » et « champignons » devaient être surveillés.

Si cette possibilité de connaître les tendances a été ici explicitée, c’est pour insister sur la question de la responsabilité qui se pose d’une manière nouvelle pour le journaliste et pour les organes de presse. Après avoir examiné les requêtes des internautes, le journaliste va-t-il alimenter celles qui se trouvent (déjà) en haut de la liste (ou à surveiller, selon la terminologie du système) et ce, afin de « répondre » à la demande des internautes et d’établir ainsi une sorte de dialogue informel sur leurs thèmes de prédilection ? Ou bien, au contraire, par souci de pluralisme ou encore par prudence, le journaliste va-t-il se tourner vers d’autres informations et peut-être ainsi créer de nouvelles tendances ?

On peut noter que si les médias traditionnels ont toujours pris soin d’alimenter « les sujets qui marchent », la mesure de leur succès a toujours été pour eux différée et sujette aux aléas… La mesure en direct des taux d’audience et, désormais, des requêtes en temps réel, peut en revanche profondément affecter la manière d’envisager la production d’information. Avec les médias électroniques, va-t-on se contenter d’aller dans le sens des requêtes et « répondre » à une demande ? Dans le domaine scientifique, il ne saurait être question que l’information ne traite uniquement des « idées reçues », des concepts et/ou des mots-clés déjà connus. Ce serait nier l’apport véritablement créatif de la science (et des scientifiques), qui engage à réfléchir sur des découvertes ou des concepts nouveaux. N’y a-t-il pas là un risque de « stérilisation mentale », peut-être dangereux pour la démocratie ?

Les réponses à ces questions sont parfois d’autant moins simples à apporter que les différences de comportement (et de choix) entre lecteurs de journaux et internautes (à la fois lecteurs, auditeurs, téléspectateurs) s’accusent. À Sciences et Avenir, nous sommes ainsi témoins de ces divergences entre « print » et « digital » dont nous ne savons même pas si elles seront durables.

À ce propos, on peut trouver dans le domaine du spatial et de l’astronomie un exemple éloquent.



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