La salle des ossements by David Farland

Auteur:David Farland [Farland, David]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

CHAPITRE XXI

LA PORTE DE LA CORNEILLE

Si vous devez craindre un homme,

que ce ne soit pas à cause de son apparence extérieure,

mais à cause de l’esprit qui l’anime.

Erden Geboren

Le temps qu’Erin atteigne la Porte de la Corneille, le ciel nocturne était devenu noir de tourments, et des rafales d’éclairs déchiraient les nuages filandreux. Une pluie drue crépitait violemment sur les casques et les armures, dégoulinait sous les surcots et détrempait les capes. Les chevaux pataugeaient dans les flaques, et le brouillard qui planait au-dessus des champs était si épais que la jeune femme avait l’impression de respirer de l’eau plutôt que de l’air.

La Porte de la Corneille projetait une ombre imposante à l’horizon. Trois énormes tours noires se dressaient au-dessus des remparts pour surplomber le paysage alentour. Celle du milieu était la plus haute de toutes, pareille à la pointe centrale d’une couronne d’obsidienne.

Une large rivière coulait à la base de la forteresse. Sur ses berges, des chaumières et des plantations luxuriantes jaillissaient entre les collines, dessinant une tapisserie de champs et de jardins.

Erin regarda se rapprocher le château illuminé par la foudre. Elle n’était encore jamais venue à la Porte de la Corneille, n’avait jamais contemplé de ses propres yeux la légendaire Tour du Vent. Ici, le magicien Sendavian avait rendu hommage aux Puissances de l’Air des siècles plus tôt. Ici, les rois du Crowthen Méridional gardaient leurs Dédiés depuis près de deux millénaires.

Ici, à présent, les pavillons de vingt mille chevaliers se massaient devant la forteresse. Les écuyers et les cuisiniers avaient allumé un feu dans chacun d’eux, si bien qu’ils scintillaient de leur propre lumière intérieure comme des gemmes au pied d’une montagne noire.

Tandis que le roi Anders approchait du campement, la lumière crue des éclairs révéla la masse sombre des engins de siège tapis au milieu des champs – des balistes par dizaines. Le capitaine Gantrell sonna du cor de guerre. Des soldats jaillirent de leurs tentes l’arme au clair, se préparant à barrer la grand-route. Face à ce mur de chair humaine, les chevaliers et les écuyers d’Anders hurlèrent :

— Anders ! Anders du Crowthen ! Que tous saluent le Roi de la Terre !

Les hérauts soufflèrent dans leurs trompettes d’argent, et les écuyers frappèrent sur leurs boucliers comme sur des tambours.

Les pavillons n’abritaient pas seulement les seigneurs du Crowthen Méridional. Erin aperçut des princes marchands de Lysle en robe pourpre et armure étincelante, mais aussi d’austères chevaliers d’Eyremoth tout de blanc vêtus, pareils à des fantômes, et le duc Wythe de Beers venu d’Ashoven, grand et hautain dans sa robe grise.

Tous les occupants du campement n’étaient pas des Seigneurs des Runes. Parmi les archers et les suivants qui se bousculaient pour voir Anders de plus près, Erin avisa nombre de jeunes gens qui ne portaient qu’une peau de mouton en guise d’armure et ne possédaient qu’un gourdin pour toute arme.

En rassemblant tous ses guerriers à la Porte de la Corneille, Anders avait vidé son royaume. Et ses troupes n’attendaient plus qu’un ordre de lui pour traverser la frontière.

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