La République jacobine. Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire (1792-1794) by Roger Dupuy

La République jacobine. Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire (1792-1794) by Roger Dupuy

Auteur:Roger Dupuy
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Points
Publié: 2013-06-14T16:00:00+00:00


3. Choix stratégiques et révolution tactique : offensive à outrance, embrigadement et amalgame

L’urgence de restructurer l’armée, en particulier l’infanterie, s’imposa au début de février 1793, du fait notamment du retour dans leur foyer de la moitié des volontaires de 1792, de sorte que nombre de leurs bataillons devinrent squelettiques et qu’on soldait des états-majors sans troupes ; de plus, qu’allait-on faire des requis qu’on se proposait de lever, à défaut de volontaires ? Allait-on les incorporer dans la ligne dont le traditionnel esprit de corps inquiétait ou allait-on les verser dans les bataillons de volontaires dont on allait ainsi émousser le patriotisme tout en provoquant une rupture quantitative excessive entre des bataillons de ligne souvent décimés par les combats et les maladies et des bataillons de volontaires pléthoriques mais dont les qualités militaires pouvaient laisser à désirer ? Le 12 février, Dubois-Crancé, au nom du Comité militaire, fit adopter par la Convention un décret qui prévoyait que les troupes de ligne étaient assimilées aux volontaires : même solde, même discipline, même recrutement des cadres et, à terme, même uniforme, celui des volontaires – donc la couleur bleue allait remplacer le blanc écru des uniformes de la ligne. Il s’agissait d’unifier les armées de la République et pour parachever cette uniformisation on décida, le 21 février, de supprimer les anciens régiments, au recrutement provincial trop particulariste, pour les remplacer par des demi-brigades associant un bataillon de ligne à deux bataillons de volontaires ou de requis. À terme l’embrigadement devait déboucher sur l’amalgame des trois bataillons, c’est-à-dire que chaque bataillon serait composé de compagnies prises dans les bataillons primitifs et associerait compagnies de la ligne et compagnies de volontaires. L’embrigadement et surtout l’amalgame permettraient d’imprégner les anciens « lignards » du patriotisme des volontaires et, de leur côté, volontaires et requis bénéficieraient de l’expérience des soldats de métier. Les volontaires et recrues des différents départements de la République se fondraient dans les demi-brigades pour faire prévaloir un patriotisme commun associant la petite patrie natale, les intérêts supérieurs de la nation révolutionnaire et la gloire des armées de la République.

Du fait de la difficulté technique de réaliser le brassage que supposait l’amalgame véritable, ce fut surtout l’embrigadement qui fut réalisé progressivement de l’été de 1793 à celui de 1794. À la veille de Fleurus, en juin 1794, la moitié seulement des demi-brigades prévues avait été mises sur pied. Les innovations n’étaient pas appliquées de façon simultanée dans toutes les armées, certaines d’entre elles, notamment l’armée du Nord, servirent de laboratoires où l’on testa les vertus des nouvelles formations imaginées pour tirer le meilleur parti possible de l’embrigadement, en particulier la création de divisions interarmes associant deux demi-brigades d’infanterie de ligne, une brigade d’infanterie légère, un ou deux régiments de cavalerie, une compagnie d’artillerie à pied et une compagnie d’artillerie à cheval, en tout entre 6 000 et 12 000 hommes, selon l’effectif des demi-brigades réunies. Il s’agissait d’unités tactiques autonomes qui prenaient l’habitude de combattre ensemble, avec le risque, sur un champ de



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