La police des lumières by Vidoni Nicolas

La police des lumières by Vidoni Nicolas

Auteur:Vidoni, Nicolas [Vidoni, Nicolas]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: EDI8
Publié: 2018-04-25T22:00:00+00:00


Le problème des noms de rues

La difficulté pointée par Guillaute d’une possible confusion des rues à cause de noms identiques n’épuisait pas les problèmes liés à la toponymie, qui étaient de trois ordres.

Le premier, déjà évoqué par Delamare, était celui d’une multiplicité de rues portant le même nom. La compilation des noms de rues établie par Jean de La Caille en 1714 pour d’Argenson et diffusée aux commissaires relevait de nombreux noms communs à différentes rues, telles que les rues Sainte-Anne, situées dans les quartiers du Palais-Royal, de la Cité et de Saint-Denis ; les rues et cul-de-sac Sainte-Catherine, dans les quartiers de Saint-Antoine et du Luxembourg, ou encore les rues de Bourbon, dans les quartiers de Saint-Martin, de Saint-Denis, de Saint-Germain-des-Prés et du Luxembourg18. En tout, trente-huit noms étaient communs à deux, trois ou quatre rues différentes, parfois situées dans des quartiers opposés de Paris. Ces noms identiques n’ont pas semé de confusion majeure dans la pratique des policiers. Ces derniers étaient plutôt gênés par le risque de confusion, à l’instar de Delamare qui, dans ses travaux préparatoires au Traité de la police, se plaignait amèrement de cet état de fait19. Le commissaire de la Cité compila alors toutes les informations topographiques qu’il put collecter. S’appuyant sur ses prédécesseurs historiens de la ville, il compta le nombre de rues, ce qui lui permettait également d’affiner la précision de ses futurs plans urbains. Les documents de Delamare montrent que ces comptages n’étaient pas facilement réalisables. Ainsi, pour le début du xviiie siècle, une liste recensait « les noms de toutes les rues qui sont dans la ville & fauxb. de Paris au nombre de 720 ou 30 [sic] 20 ». Elles étaient classées par ordre alphabétique et chacune était décrite par ses tenants et ses aboutissants, ce qui ne différait pas des guides topographiques, par exemple la « R. des Petits Augustins au fauxb. S. Germain a un bout à la rue du Coulombiers et l’autre bout à la rue du quay Malaquay, ou quay de la Reine Margueritte21 ». Une autre liste, qui présentait un état antérieur de 657 rues, servit de point de comparaison au commissaire parisien. Il y ajouta toutes les variantes possibles : « R. Sainte Anne il y en a deux22. » Cette liste pointait également les variations toponymiques d’une même rue : « Rue de Larbalestre, ou rue S. Antoine, on a aussi appelé quelques fois la rue du Petit Lyon la rue de Larbalestre23. » De fait, les noms des rues n’étaient pas encore fixés de manière univoque.

Le deuxième problème tenait à l’usage des noms de rues par les agents de la police dans leur rapport à la population et se retrouvait dans les actes de la pratique. Certains procès-verbaux dressés par les commissaires à la suite de plaintes des habitants ou de procédures d’emprisonnement transcrivaient des usages toponymiques variables. Ainsi, le commissaire Aubert, le 9 mars 1720, envoya dans les prisons du Grand Châtelet un garçon de dix-sept ans qui avait fait boire un autre garçon de quatorze ans pour le voler24.



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