La nouvelle cause des femmes by Halimi Gisèle

Auteur:Halimi, Gisèle
La langue: fra
Format: epub
Tags: Women, WOMEN, WOMEN IN POLITICS, WOMEN'S ADVANCEMENT, FRANCE, Feminismus, Politics Feminism
Éditeur: Paris : Seuil
Publié: 1997-05-15T00:00:00+00:00

LA NOUVELLE CAUSE DES FEMMES

J'ai relevé dans mes notes quelques particularités dans le refus : le légaliste qui faisait de la Constitution son alibi : « La Constitution ne le permet pas », ou le distrait, absent du débat et étranger à l'urgence du propos, qui se contentait, le regard ailleurs, d'un « faut voir... faut voir... y a pas le feu ! ».

Je maintenais la pression et clarifiais mon projet. D'une part, une loi pour permettre une meilleure représentation des femmes ; d'autre part, faire que cette loi exprime un consensus général. La première de la législature votée dans ces conditions.

Restait, le principe étant acquis, à en fixer la barre. Jusqu'à combien la participation des femmes ? Poser la question, c'était en mesurer l'arbitraire. Les femmes devaient être 50 % des élus. Logiquement, pas moins. La mesure serait raison-née, elle ne serait pas raisonnable.

Il était clair que je courrais à l'échec avec une telle prétention. Je hasardai 40 %, puis 35 %, puis 30 % devant la belle unanimité du refus, à droite comme à gauche. Trop important, trop brutal, trop menaçant surtout ! Le groupe socialiste finit par accepter un quota de 30 %, pas un iota de plus.

Encore fallut-il que je m'armasse du compte rendu de débats qui eurent lieu, sur un projet du gouvernement au Sénat, en 1980. Les socialistes, alors dans l'opposition, avaient fixé leur proposition de mixité à 30 %, justement. Lenteurs, arguties, mauvaise conscience. Humeur maussade après mon intervention, qui allait créer - c'était sûr - de nouvelles difficultés pour la gauche.

Était-ce le moment, je vous le demande, de parler femmes (comme on aurait dit : parler chiffons), alors que Pierre Mauroy, Premier ministre, avait décidé fin mai, après la flambée des prix, de « changer de vitesse », que le franc avait été dévalué en juin, que la loi sur le blocage des salaires et des prix venait, dans le désenchantement et la polémique, d'être définitivement adoptée ? J'étais complètement dépourvue de

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