La Machine du pouvoir by Michel Jeury

Auteur:Michel Jeury
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-Fiction
Éditeur: Bragelonne Classic

De formidables travaux d’aménagement et de climatisation avaient fait du Turkestan et d’une bonne partie de l’Asie centrale ce que l’on nommait le « Jardin du Monde ». Parcs, prairies, savanes, jungles, forêts, plages entouraient la Mer intérieure d’un cercle enchanté, sous un ciel toujours bleu, un climat d’une douceur éternelle.

Mais ce paradis était presque vide, car les animaux l’avaient déserté et les humains s’entassaient dans leurs villes.

La galerie souterraine amena les fugitifs dans un fortin camouflé en pavillon, qui ressemblait singulièrement au temple martien de l’antéunième cerveau. Angella, Than Horn et Bullock virent un éblouissant désert artificiel, qui s’étendait jusqu’à la mer d’un côté, jusqu’à la jungle de l’autre.

Et de la jungle, montaient des volutes de fumée ; des remous, des frissons parcouraient la Mer intérieure.

Le Président et sa compagne entendirent alors un bruit extraordinaire, rumeur composite, mélange de détonations, d’explosions, de sifflements, de roulements, qui était le bruit de la guerre ! »

On se bat ! » fit Angella.

— Oui, dit Bullock, et non loin d’ici. Sous la mer, à deux kilomètres de nous, les fushydres des insurgés ont attaqué les aqua-chars de la Machine. Mais les forces loyalistes ont le dessus partout.

— Où allons-nous ? demanda Than Horn.

— Je ne sais pas.

— M. 265 ! dit le Neptunien. Spécialiste M. 265, est-ce bien vous qui parlez ?

— Oui.

— Avez-vous un plan d’action immédiate ?

L’androïde Bullock s’arrêta, puis s’accroupit sur le sable.

— Non.

— Où sont les insurgés ?

— Partout… vaincus…

— Il faut marcher, agir… Vite… Ne plus attendre ici… Quoi ? … Oh ! … Attention ! … »

Des chars de combat géants venaient d’apparaître : quatre à la lisière de la forêt, deux sur la plage. Le groupe le plus important attaquait l’autre. Des projectiles tombèrent près des fugitifs. Than Horn saisit Angella aux épaules, la fit coucher, s’étendit près d’elle. Bullock eut le réflexe opposé : il se leva. Une balle atomique perdue le frappa dans le dos, le fit éclater ; il roula sur le sol comme un pantin qui se brise… Une explosion proche souleva une masse de sable qui recouvrit partiellement Than Horn et Angella. Quand le Président se dressa sur les coudes et risqua un regard circulaire, il vit deux carcasses de chars qui brûlaient non loin du rivage et… rien d’autre. Il sauta sur ses pieds, aperçut le robot couché par terre. Il appela :

— Bullock ! Bullock ! … Spécialiste M. 265 ! » Aucune réponse.

— Mashino ! fit-il. Il est m… il est détruit ! »

Ensemble, ils se penchèrent sur le corps organo-métalloplastique et ils le retournèrent.

— Than Horn, m’entendez-vous ? dit la voix faible, à peine perceptible du cerveau M. 265. Le corps de Bullock est gravement endommagé.

— Je vous entends, spécialiste M. 265, dit Than Horn. Votre sélecteur central ?

— Mes cellules de libre arbitre sont touchées. On ne doit pas me trouver ici. Il faut m’enterrer… enterrer le corps de Bullock dans le sable…

— Bien, j’entends… Après ?

— M’enterrer dans le sable…

— M. 265, m’entendez-vous ? Je vous demande ce que nous devrons faire après vous avoir enterré dans le sable.

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