La guerre du mein by David Anthony Durham

La guerre du mein by David Anthony Durham

Auteur:David Anthony Durham [Durham, David Anthony]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
ISBN: 9782842283421
Publié: 2007-06-11T23:00:00+00:00


37

Mena saisit les anneaux de métal rouillé et posa ses fesses contre le sable. Ainsi ancrée au fond, elle releva la tête et regarda à travers les colonnes de mollusques vivants. Comme souvent elle était assise sur le sol sableux du port, à quelque trente pieds de la surface, et elle retenait son souffle. Sa chevelure flottait autour d’elle en boucles sinueuses. Partout s’élevait une forêt d’ombres verticales formée par les chaînes rivées au sol et tendues vers l’air libre. Des huîtres s’y accrochaient par milliers. À maturité, chacun de ces coquillages était aussi gros qu’une tête d’enfant et représentait deux ou trois repas si on le préparait dans une sauce au lait de coco et qu’on l’accompagnait de nouilles transparentes. C’était un mets délicat dont le temple contrôlait le monopole. Les exportations d’huîtres noires emplissaient ses coffres chaque fois que les négociants maritimes passaient par l’archipel.

Ses poumons commençaient à brûler. Ils pressaient contre sa poitrine. De ses orteils au bout de ses doigts, chacun de ses muscles se crispait pour protester, chaque parcelle de son être hurlait de colère. Par-delà les huîtres, le turquoise brillant de la surface soulignait la taille des mollusques, comme si le monde au-dessus d’elle était un endroit de lumière béni qu’elle ne pourrait rejoindre que par la plus périlleuse des ascensions. Elle ouvrit les mains et se laissa aller. Alors qu’elle montait en flèche vers l’air libre, elle exhala un chapelet de bulles. Elle ne savait jamais si c’était à cause des bulles ou si les huîtres sentaient son arrivée, mais elles se refermaient une à une et lui ouvraient ainsi un passage vers la surface. Les derniers instants étaient les pires, les plus frénétiques, tout son être hurlant pour s’échapper de sa peau, et elle avait alors la certitude d’avoir attendu trop longtemps.

Sa tête jaillit à l’air libre et sa bouche forma un ovale pour respirer. L’air la submergea, ainsi que la lumière, les sons et les mouvements, la vie. Elle ne s’expliquait pas le besoin qu’elle éprouvait de cette épreuve étrange, mais elle en ressortait toujours avec le sentiment d’être rassérénée quant à la pureté de son âme. C’était quelque chose qui lui importait, surtout par un tel jour, alors qu’elle allait affronter les visages défaits des parents et leur jurer que la mort de leur enfant était une aubaine pour eux tous, un sacrifice nécessaire, et un présent que tout parent aurait dû être heureux de faire.

Elle quitta le parc à huîtres en milieu de matinée. Pendant près d’une demi-heure elle emprunta le labyrinthe de pontons et de jetées flottantes qui encombrait le port en croissant. La partie des quais dépendant du temple était un domaine isolé où Mena passait des heures. Mais, dans le port de commerce, elle se mêla à une foule brouillonne de marchands et de marins, de pêcheurs et de repriseurs de filets. Elle longea les étals proposant toutes sortes de produits : poissons et crustacés, fruits venus des plantations côtières et viande chassée dans la jungle des collines intérieures.



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