La guerre des femmes by Histoire

La guerre des femmes by Histoire

Auteur:Histoire [Histoire]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


LA GUERRE DES FEMMES.

Histoire de Louise de Bettignies et de ses compagnes.

Chapitre VI

POUR AVOIR RI

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Louise de Bettignies, revenant de France quelques jours après l'arrestation de Charlotte, apprit à Bruxelles, sans doute par le fidèle Victor, le malheur et la menace qui fondaient sur elle. Elle rapportait des instructions nouvelles, qui accroissaient l'importance de son service, et pour lesquelles le zèle sans limite de la petite Vanhoutte lui serait indispensable. Non seulement cet admirable lieutenant lui manquait, mais il faudrait, au moins pendant quelques semaines, qu'elle se fit elle-même très prudente et qu'elle mit en mouvement le moins de monde possible. La consigne du silence s'imposait. Conclusion : elle multiplia son effort personnel et décida qu'elle ferait elle-même les courses vers la frontière, interdites à Charlotte arrêtée, et à tous les autres, suspectés.

Elle songea aussi que le passage en Hollande finirait par devenir impossible. Elle s'entendit donc à Roubaix avec l'abbé Pinte, qui recevait tranquillement, à la barbe des Allemands, des sans-fil de tous les belligérants, et lui demanda s'il accepterait de recueillir et de lui transmettre des télégrammes chiffrés de l'état-major britannique.

Ses dispositions prises de ce côté, elle alla un jour faire une promenade dans les champs en compagnie de ses amis de Geyter et reconnut avec eux, non loin de Mouscron, un terrain où il lui sembla que des aviateurs anglais pourraient facilement déposer des pigeons. Elle tira de son sac un appareil photographique et prit des vues de ce coin de campagne, avec la briqueterie et, un peu plus loin, la cheminée d'usine, qui seraient des points de repère pour l'aviateur. Alors elle annonça qu'elle irait indiquer cet emplacement à l'oncle Edouard et que, pour les détails d'exécution, ils seraient transmis chaque fois par sans-fil au moyen d'un chiffre qu'elle rapporterait de Folkestone.

Là-dessus, elle s'en fut en Hollande, une fois de plus. À son retour, elle annonça la descente du premier pigeon pour le dimanche suivant. Des draps furent étendus sur l'herbe à l'heure convenue : il est permis, en vérité, à chacun de faire sécher du linge. Et le soir, au couchant, un avion laissa tomber, suspendue à un parachute léger, une cage d'aluminium contenant une petite bête flegmatique et grave à souhait pour sa mission patriotique. Le médecin d'un bourg voisin passait justement par là dans sa carriole : il allait raccrocher une jambe cassée. N'étant pas dans l'affaire, il jugea que, cette bête suspecte, il fallait la porter aux autorités. Ce qui fut fait.

Louise de Bettignies et ses amis eurent un mouvement de mauvaise humeur. Mais elle avait pris ses dispositions pour que la tentative, si elle avortait, fût renouvelée un peu plus tard. Les Anglais diraient par sans-fil leur jour et. leur heure. M. de Geyter, flânant dans la région, recruterait des volontaires pour capter le pigeon, prendre son étui, le lui apporter à Mouscron et l'aller attacher ensuite à l'oiseau, chargé d'un pli chiffré. Tout étant ainsi réglé pour que le dur service par la route fût doublé d'un service aérien, Alice repartit, porteuse d'un courrier sans doute important pour l'Angleterre.



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