La France, l’Europe et l’aide au développement. Des traités de Rome à nos jours by Gérard Bossuat

La France, l’Europe et l’aide au développement. Des traités de Rome à nos jours by Gérard Bossuat

Auteur:Gérard Bossuat [Bossuat Gérard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: relations Nord-Sud, coopération, aide au développement, Agence française de développement (AFD), Communauté économique européenne (CEE), Organisation mondiale du commerce (OMC)
ISBN: 9782821828643
Éditeur: Institut de la gestion publique et du développement économique, Comité pour l’histoire économique et financière de la France
Publié: 2013-04-09T22:00:00+00:00


II. Le rôle des Français

Tournons-nous maintenant vers les personnalités, commissaires et fonctionnaires européens de nationalité française, pour examiner leur rôle dans la construction de la politique européenne de coopération au développement.

Surprenant à première vue : là encore, on peut utilement marquer une césure entre les deux périodes pré- et post- Lomé, la première marquée par un rôle très fort joué par les héritiers de la France d’outre-mer, la seconde par une nouvelle génération de Français portée par une volonté d’ouverture et de réforme en matière de politique de coopération et de façons de faire.

Pendant une longue période, en fait jusqu’en 1984, le portefeuille du développement revenait à un commissaire français. Ceci n’est pas étonnant si l’on sait que, malgré la prérogative du président de la Commission de répartir les attributions à l’intérieur du collège, les portefeuilles des commissaires reflètent souvent certaines priorités politiques ou économiques de leurs pays d’origine. Dans le cas du développement, il s’ajoute que cette compétence attirait, initialement, peu d’intérêt de la part des autres nationalités. Les deux premiers commissaires, Robert Lemaignen (1958-1962) et Henri Rochereau (1962-1970), le premier, lié aux milieux d’affaires intéressés à l’Afrique, le second, un ancien ministre gaulliste, géraient leur portefeuille en bon père de famille sans laisser des traces ineffaçables. Le troisième, Jean-François Deniau (1970-1973), absorbé par ses tâches de commissaire en charge du premier élargissement, laissait son portefeuille « développement » très largement à son chef de cabinet, Jean Chapperon. Il est néanmoins devenu le commissaire de transition vers Lomé (« mémorandum Deniau »), même si la réelle prise en main de ce dossier reviendra à son successeur, Claude Cheysson.

Au niveau de l’administration, à la DG VIII de l’époque, nous retenons, dans la période 1958 à 1975, le rôle prédominant, bien que décroissant vers la fin, des fonctionnaires européens de nationalité française issus, pour la plupart, du corps de la France d’outre-mer.

Anciens administrateurs coloniaux, ils étaient pratiquement les seuls à connaître le terrain, à apporter une expérience concrète, à être habitués à traiter avec les Africains, à se sentir sûrs de savoir ce qu’il fallait faire et comment s’y prendre. Leur présence active était, certes, un atout précieux, mais comportait aussi le risque de perpétuer un style paternaliste alors qu’il devait s’adapter au nouveau contexte des indépendances…

Les seuls collègues qui apportaient, eux aussi, une expérience africaine étaient des Belges et quelques Luxembourgeois qui avaient servi au Congo. Mais par rapport aux Français, ils représentaient une faible minorité.

Nous, les « jeunes » de l’époque, issus d’autres nationalités, nous mouvant en terrain inconnu avec pour seul bagage nos études, profitions, mais de ce fait dépendions très largement, de l’expérience de nos collègues français. Au fur et à mesure que nous acquérions nos propres expériences, des frustrations devaient se manifester. Nous voulions rationaliser quelque peu un processus de choix de priorités et de projets qui, jusque-là, était marqué par le pragmatisme discrétionnaire, voire simplement l’intuition des collègues français.

C’est dans ce contexte qu’il faut situer le « cas Jacques Ferrandi » dont beaucoup a été dit et écrit.



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