La fille aux sept noms by Lee Hyeonseo

La fille aux sept noms by Lee Hyeonseo

Auteur:Lee, Hyeonseo
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Stock
Publié: 2015-09-22T16:00:00+00:00


1. Plats divers d’accompagnement.

2. Ou « thé aux perles », à base de tapioca et de lait.

CHAPITRE 26

L’interrogatoire

Les officiers en civil m’escortèrent jusqu’à leur voiture, une BMW banalisée. En état de choc, je me sentis étrangement détachée de la réalité, comme dans un mauvais rêve. Ils ne prirent pas la peine de me passer les menottes. Ils bavardaient, détendus, comme s’il s’agissait d’une simple formalité. L’un d’eux était aussi beau qu’un acteur de cinéma. Un troisième homme attendait au volant. Je m’assis à l’arrière, encadrée par ses collègues.

« Où m’emmenez-vous ?

– Au commissariat de Xita Road », me répondit le plus beau.

Frigorifiée par la clim, je me mis à claquer des dents. C’est fini, me disais-je. Je ne pourrais pas m’en sortir. Alors que nous traversions Xita et ses rues familières, j’anticipais les ennuis qui allaient s’abattre sur ma famille, une fois le Bowibu au courant de ma fuite. J’avais plus peur pour eux que pour moi.

Je m’en voulais terriblement. Tout était de ma faute.

Je croisai les mains sur mes genoux et, pour la première fois de ma vie, je priai. J’adressais mes supplications aux esprits de mes ancêtres : Si c’est un cauchemar, faites qu’il s’arrête. Je suppliais l’esprit de mon cher père, Aide-moi si tu le peux maintenant.

La voiture s’arrêta devant le commissariat. On me conduisit dans une salle éclairée par des néons. Une vraie ruche, avec les policiers en uniforme ou en civil, les plaignants, une cellule de détention provisoire où s’entassaient une trentaine de personnes, debout, contre le mur ou assises au sol, des hommes et des femmes, silencieux, les visages résignés. Certains étaient très maigres. Ils m’observèrent en silence. Des Nord-Coréens sans doute, pourtant je n’éprouvais aucune pitié pour eux. Je ne ressentais rien.

Dans quelques minutes, je serai parmi vous.

J’aperçus posé sur un bureau un bébé de quelques mois à peine, emmailloté dans une couverture, dont personne ne s’occupait.

J’eus les jambes qui flageolaient alors qu’on me conduisait à l’étage.

On me fit entrer dans une nouvelle salle. Une vingtaine de policiers en chemise bleu pâle s’y trouvaient, adossés au mur. Ils me regardèrent passer. Le beau policier m’offrit poliment une chaise. Puis il s’assit de l’autre côté du bureau, entre deux collègues. Une scène surréaliste comme dans un cauchemar, à la fois détendue et pourtant pleine de menaces.

Il se présenta : inspecteur Xu. Il allait m’interroger. Ici. J’étais cernée.

Concentre-toi, me dis-je. Seuls comptent les trois types derrière le bureau. Oublie les autres.

Ils m’interrogèrent à tour de rôle.

« Comment vous appelez-vous ? Où êtes-vous née ? Le nom de vos parents ? Leur profession ? Leur adresse ? Le nom de vos frères et sœurs ? »

Je prétendis être la fille de mon oncle et de ma tante et leur fournis tout un tas de précisions.

« J’ai besoin de leur numéro de téléphone. »

Une sonnette d’alarme se déclencha dans ma tête. Je ne pouvais pas prendre le risque qu’ils les appellent.

« Nous n’en avons pas. Mes parents ont coupé la ligne parce qu’ils séjournent en Corée du Sud pour quelque temps.



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