La dix-huitième étoile by Denuzière Maurice

La dix-huitième étoile by Denuzière Maurice

Auteur:Denuzière, Maurice
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard
Publié: 2013-05-14T16:00:00+00:00


Une victoire électorale sans effet

Au lendemain du dépouillement des bulletins de vote, le 5 novembre 1874, il apparaît clairement que le parti démocrate va dominer la chambre basse. Quand l’inspecteur de l’Enregistrement, responsable du premier décompte des votes, donne le résultat pour l’élection des cent onze représentants, les démocrates l’emportent par soixante-dix sièges contre quarante et un aux républicains. Mais, en Louisiane, les suffrages sont plusieurs fois recomptés ! Aussitôt intervient le Returning Board, bureau des retours électoraux, que les démocrates, depuis l’avènement des carpetbaggers, qualifient de « comité d’éviction ». Il est composé de cinq membres nommés par le gouverneur : deux républicains, deux démocrates et un neutre… qui ne l’est pas. Ce dernier est en effet le général James Longstreet, le vaincu du 14 septembre, un obligé de Kellog. Les républicains détiennent donc la majorité des contrôleurs, ce qui leur permet de corriger à leur profit le verdict du suffrage universel !

Contre toute attente, Longstreet, peut-être tourmenté par sa conscience, plus sûrement convaincu qu’à plus ou moins long terme les démocrates finiront par l’emporter, se dit dégoûté par les manipulations du scrutin et démissionne. Il est remplacé par un démocrate dissident, cajolé par Kellog. Bien que moins scrupuleux que Longstreet, le transfuge démissionne à son tour, refusant de participer aux truquages éhontés des radicaux.

Après bien des discussions, le comité, réduit à quatre membres, jouant la prudence, déclare élus à la chambre des Représentants cinquante-trois démocrates, tous blancs, et cinquante-trois républicains, dont vingt-huit Noirs. S’inspirant ensuite de Ponce Pilate, le comité laisse le soin à la nouvelle chambre de désigner les élus aux cinq sièges restants ! Cette étrange conception de la démocratie révèle combien se trouvent mal à l’aise, devant l’opinion publique, des hommes dépourvus de tout courage civique.

Dès ce jour va commencer en Louisiane une de ces périodes cocasses qui émaillent l’histoire du pays des bayous. Elle durera des mois au cours desquels les républicains radicaux useront de tous les moyens, y compris la violence, pour conserver le pouvoir politique qui leur échappe à La Nouvelle-Orléans, comme il va bientôt leur échapper à Washington.

Le 6 janvier 1875, jour de l’installation de la nouvelle chambre des Représentants, il s’agit d’abord de désigner, afin que l’assemblée soit légalement constituée, ceux à qui reviendront les cinq sièges réservés. De nombreux supporters démocrates ayant réussi à pénétrer dans la salle des séances, le gouverneur Kellog a aussitôt demandé le concours de l’armée fédérale. Un détachement de fantassins, commandés par le général d’origine française Philippe Régis de Trobriand, qui a combattu avec les Nordistes pendant la guerre civile, a pris position dans les couloirs de la Maison d’État. Les nouveaux députés rejoignent leurs sièges en passant entre deux haies de soldats, ce qui incite plusieurs élus républicains, que l’on dit aussi achetés en dollars par les démocrates, à ne pas assister à la séance inaugurale. Il se trouve donc, à l’ouverture des travaux, que les démocrates ont la majorité.

Devant les radicaux stupéfaits, ils désignent comme président provisoire un des leurs, Louis Alfred



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