La couleur de la faim by Johan Heliot

La couleur de la faim by Johan Heliot

Auteur:Johan Heliot [Heliot, Johan]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Éditeur: Octobre
Publié: 2014-06-05T04:48:56+00:00


Chapitre 25. Balade dans un champ de poussière.

Il en arrivait de partout. Les p’orcs avaient repris du poil de la bête, en même temps que leurs esprits. Ils avaient troqué leurs matraques contre des armes plus efficaces. Les poivrières à percussion sortaient rarement des râteliers du commissariat. Non que les flics rechignassent à truffer un suspect de plomb brûlant. Mais l’usage d’une poivrière n’est pas sans danger pour celui qui la manipule. D’abord, il faut faire pivoter manuellement les canons multiples dans l’axe du percuteur. Ensuite, la précision de tir est nulle au-delà de quelques mètres. Enfin, et c’est là le plus embêtant, les accidents ne sont pas rares suite à la mise à feu simultanées de toutes les chambres et l’explosion consécutive de l’arme dans la main du tireur. Le gant de cuir des p’orcs offre une protection dérisoire contre les éclats de métal et de bois qui labourent les chairs. Mais, à circonstances exceptionnelles – et l’attaque en règle du commissariat central en était une ! –, mesures d’exception.

Donc, la poudre parlait, et son langage autoritaire se traduisait en invectives mortelles pour Volentin et Morcaï, obligés à faire retraite vers les étages supérieurs. L’accès au rez-de-chaussée était en effet complètement bloqué. Le personnel administratif demeurait prudemment cloîtré dans les bureaux, tandis que les patrouilleurs menaient la traque. Morcaï avait rangé ses couteaux dans la sacoche récupérée par le Souple. Ils avaient atteint le dernier palier, sans trouver d’issue. Le plan des flics était simple, mais efficace : les acculer sur le toit, où il serait facile de les abattre, à moins qu’ils n’aient la bonne idée de prendre l’initiative de sauter et s’écraser sur le bitume.

— On est foutus, résuma parfaitement Volentin quand ils prirent pied sur la terrasse goudronnée qui coiffait le bâtiment.

Morcaï rabattit la porte en ferraille derrière eux et coinça un de ses couteaux dans le loquet pour leur fournir un répit. Puis, avisant la situation, il dut convenir que le Souple avait vu juste. Les immeubles voisins étaient séparés du Commissariat par une ruelle, et comptaient deux ou trois étages de moins. De plus, des corniches tarabiscotées, encombrées de vilaines gargouilles, ne laissaient aucun espace où se réceptionner, à supposer que Morcaï eût été tenté par le grand saut. À part ça, la vue depuis le sommet du commissariat était impressionnante. Perdition paraissait une mer démontée, figée sur la toile d’un peintre, où les crêtes des buildings valaient bien celles de vagues prêtes à engloutir les vaisseaux qui parcouraient ses rues…

Morcaï en était là de ses réflexions quand une détonation ébranla la porte, suivie par une autre, puis l’écho sourd d’une explosion, et, enfin, un concert de cris et de jurons. Une poivrière capricieuse venait de retarder la mise à mort des fuyards, de quelques instants seulement. Morcaï se dit qu’il aurait préféré quitter ce monde dans un environnement plus naturel, mais qu’on ne choisissait jamais l’endroit ni l’heure. Il regrettait juste de n’avoir pu ajouter le Surintendant à la liste de ses dernières victimes.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.