La commune by Albert Ollivier

La commune by Albert Ollivier

Auteur:Albert Ollivier [Ollivier, Albert]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Société
ISBN: 9782072677809
Éditeur: Gallimard
Publié: 2016-09-14T22:00:00+00:00


22 janvier.

La veille au soir les portes de Mazas avaient été forcées par la foule. Flourens et d’autres détenus politiques avaient été libérés et ramenés triomphalement à la lueur des torches, aux cris de « Vive la Commune » !

Le 22 à midi, le tambour battait le rappel aux Batignolles.

L’Hôtel de Ville, devant lequel les manifestants et les gardes nationaux commencèrent à s’amasser vers une heure, offrait ce jour-là une face inaccoutumée, plus irréelle. La vieille bâtisse avec tous ses stores gris baissés semblait dormir d’un sommeil inquiétant. La plupart des manifestants ignoraient qu’averti par l’expérience du 31 octobre, le gouvernement avait déménagé au Louvre et qu’il ne restait à l’Hôtel de Ville que des fonctionnaires et des troupes dévouées, prêtes à la défense. On dépêcha des délégations qui ne rencontrèrent que l’adjoint au maire Chaudey, un des amis de Proudhon, ergoteur et faible, qui les éconduisit. À ce moment, débouchèrent, précédés d’un tambour sonnant la charge, les hommes du 101e bataillon de la Garde, puis ceux du 207e.

Aux cris de « Mort aux traîtres », chantant La Carmagnole, ils se rangèrent devant l’Hôtel de Ville qui maintenant, entièrement fermé, paraissait encore plus absent à la vie.

Une fusillade déchira l’air, coupant cris et chansons : l’Hôtel de Ville tirait ! Sous les stores, à l’embrasure des fenêtres, partout avaient surgi des canons de fusils6. Rapidement les gardes s’organisèrent pour le combat ; commandés par Raoul Rigault et Sapia, ils cherchèrent à riposter dans la mesure où le permettrait le terrain. Derrière des monticules, du haut des fenêtres de la rue Victoria, ils tiraillèrent comme ils purent pendant une demi-heure. Sapia qui faisait feu d’une vespasienne s’y écroula mortellement atteint.

La position était intenable, et lorsque apparurent les gendarmes dirigés par Vinoy, les insurgés n’hésitèrent pas à faire retraite. Laissant une trentaine de morts ou de blessés sur la place, ils se replièrent avec le goût âcre de la haine à la bouche.

Pour la première fois depuis la chute de l’Empire, les Français venaient de s’entretuer.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.