La Barricade by Alain Corbin & Jean-Marie Mayeur

La Barricade by Alain Corbin & Jean-Marie Mayeur

Auteur:Alain Corbin & Jean-Marie Mayeur [Alain Corbin & Jean-Marie Mayeur]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Europe, histoire, barricade, XIXe siècle, XXe siècle, révolution, émeute, symbolisme, politique
ISBN: 9782859448516
Éditeur: Éditions de la Sorbonne
Publié: 2020-03-26T16:56:16+00:00


Dans son rapport à l’Empereur paru dans le Moniteur Universel du 12 décembre, Magnan rappelait la confiance que lui inspirait alors la mise en œuvre de ce plan d’action : « J’étais sûr de vaincre cette insurrection en deux heures, si elle voulait franchement accepter le combat ». Encore fallait-il, pour que le piège fonctionnât, être certain que les insurgés adopteraient les solutions que leur suggérait ainsi le pouvoir.

Le piège des représentations

Le comité de résistance n’avait pas assisté sans méfiance à l’abandon de la ville par les troupes. Plusieurs signes insolites ne cessaient pas d’intriguer : la garde avait inexplicablement délaissé ses postes de surveillance habituels ; les patrouilles de rue avaient brutalement disparu ; un nombre non négligeable de barricades prises par les soldats n’avaient pas été systématiquement démolies, comme le voulait l’usage...Était-ce l’indice d’un affaiblissement soudain du pouvoir ou l’effet délibéré d’une sournoise stratégie, nul ne pouvait encore distinctement le dire. En tout cas, ces rues vides semblaient exiger le déploiement immédiat de barricades et offrir une opportunité inespérée de donner vie à l’insurrection. Certes, le 4 au matin encore, « la majorité des membres du Comité [de résistance] penchait toujours vers un certain ralentissement de l’action, tendant à prolonger la lutte. »56 Mais cet attentisme de rigueur et cette sage prudence n’allaient pas s’imposer longtemps aux insurgés. Un certain nombre d’ouvriers s’étaient en effet présentés à cette réunion et se montraient impatients de combattre sur les barricades ; malgré les réticences initiales, ils furent bientôt rejoints, au milieu d’un enthousiasme communicatif, par la majorité des représentants présents : « Le comité avait beau vouloir enrayer, quelque chose d’irrésistible entraînait les derniers défenseurs de la liberté et les poussait vers l’action. La suprême bataille allait s’engager »57. Sans préparatifs sérieux et sans informations précises sur l’état des forces en présence, les insurgés décidaient donc d’accepter malgré tout un affrontement impossible.

Édifié rapidement et sans concertation, le dispositif barricadier qui se déployait alors dans la matinée du 4 décembre frappait plus par ses défauts et ses faiblesses que par la rigueur de son organisation et la vigueur de ses défenses. La plupart des édifices émeutiers demeuraient en effet mal bâtis, très précaires et souvent largement inachevés ; beaucoup devait ressembler à ces barricades de la rue Saint-Martin, décrites en détail par Victor Hugo : celle qui se trouvait à la hauteur de la rue Meslay n’était qu’un « obstacle momentané. Nulle part les pavés n’y dépassaient la hauteur d’homme. Sur tout un grand tiers de la barricade, ils ne montaient pas au-dessus du genou ». Plus loin, dans la même rue, « les autres barricades étaient plus faibles encore que la première et encore moins défendues »58. Dans l’espace délimité par les Boulevards et les rues Montmartre, Rambuteau et du Temple, où se concentrait l’essentiel des forces de l’insurrection, seuls quelques ouvrages semblaient pouvoir opposer à la troupe une résistance sérieuse : c’était le cas rue Saint-Denis ou au coin des rues du Temple et Rambuteau59. Mais ces barricades imposantes



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