La 25e heure by Rivat Feldrik

La 25e heure by Rivat Feldrik

Auteur:Rivat, Feldrik [Rivat, Feldrik]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Horreur
Éditeur: Homme (Les éditions de l')
Publié: 2015-11-13T12:07:59+00:00


Le Père-Lachaise se fait plus muet que jamais. L’endroit est désert. Bien plus que dans les souvenirs de Bertillon. Pas un visiteur, pas même ces individus étranges que l’on croise parfois en ces lieux, pas de gardiens ou d’employés chargés de l’entretien. Et il devient difficile de distinguer les allées là où seuls quelques monuments se dressent encore au-dessus de la neige. Lacassagne passe de division en division, en humant l’air comme un chien de chasse.

— Que cherchez-vous ? demande enfin Bertillon.

— À localiser cette odeur d’ail, répond le Khan.

L’auxiliaire sort le nez de son écharpe, sans rien sentir d’autre qu’une bise définitivement fraîche, et l’eau de rose de sa chère Clémence, qui imbibe ses propres vêtements.

— Pourquoi avez-vous choisi la tombe de Bichat, ce matin, demande encore Bertillon ?

Le Khan ne répond pas. Il est contrarié. Irrité de ne pas avoir encore cette preuve intangible pour prouver la théorie de Bontemps : que ces tombes sont vides. Que les morts n’y sont plus ! L’homme fouette un flocon de neige d’un moulinet rageur et se retourne brusquement, comme pour s’assurer qu’il n’est pas suivi.

— Vous aussi, vous avez cette impression d’être épié ? demande Bertillon. Je pensais être le seul.

Le Khan scrute, en un tour d’horizon méthodique, le moindre relief, anfractuosité ou coin d’ombre de ce cimetière, et serre la mâchoire pour étouffer sa rage intérieure.

— En réalité, monsieur Lacassagne, ça ne va pas du tout, continue Bertillon.

L’homme au moineau ne réagit pas aux paroles de son jeune auxiliaire. Il se contente de reprendre sa marche à travers les allées du Père-Lachaise, les corneilles pour témoin.

— J’ignore si ce sont les entraînements qui m’épuisent, mais depuis quelque temps, je ne passe pas une nuit sans cauchemars. Toujours les mêmes. Une force malveillante ouvre la fenêtre de ma chambre pour laisser entrer le vent et le froid. Puis elle retire une à une mes couvertures, lentement, pour terminer par le drap. Je ne peux pas bouger le moindre doigt, et ne sens qu’une chose : un souffle qui me glace les os. Mes yeux roulent et cherchent à voir l’entité qui se tient là, près de mon lit, sans rien percevoir d’autre que le noir et les nitescences de la lune dans les rideaux mouvants. Mais je sais que cette chose est là, à m’observer, à se nourrir de ma peur. Elle me vide peu à peu de mon essence vitale et me pousse hors de ma chair. Je suis comme chassé de l’intérieur par une suggestion malsaine, en équilibre au bord de moi-même, comme prêt à abandonner la possession de ce qui m’est le plus cher ! Mon propre corps ! Cet état semble durer des heures, monsieur Lacassagne ! Une vraie torture ! Et quand je me réveille enfin, je suis trempé de sueur, glacé, frigorifié alors même que la pièce est surchauffée !

» Ce matin, continue Bertillon, en me réveillant d’un de ces cauchemars, j’ai voulu en discuter avec Clémence. J’ai secoué doucement son épaule, elle s’est



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