Jean de Florette by Marcel Pagnol

Jean de Florette by Marcel Pagnol

Auteur:Marcel Pagnol [Pagnol, Marcel]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2013-12-20T05:00:00+00:00


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On déjeuna sous le grand olivier : des anchois, du saucisson, des perdrix aux choux, des crêpes, et trois bouteilles de vin cacheté, qui tordirent légèrement les premiers sillons de l’après-midi.

Le soir, en buvant un grand coup de vin blanc sec, Ugolin déclara :

« Maintenant, monsieur Jean, cette terre, il faudrait la laisser tranquille pendant quinze jours, pour qu’elle soleille un peu, et qu’elle goûte la rosée… Mais pour le jardin potager, ça mettrait vos plantations en retard… Ce jardin, où est-ce que vous voulez le faire ? Et le parc aux lapins ? »

L’emplacement du parc tourmentait Ugolin. Si l’éleveur installait, au fond du vallon, trente petites bâtisses souterraines, en ciment, il faudrait un mois de travail pour les démolir, et remettre le sol en état avant d’y planter les œillets. Il était donc nécessaire de creuser les terriers sur le coteau : mais non pas celui de droite, où se trouvait la source prisonnière.

« Vous comprenez, monsieur Jean, au fond du vallon, ça vous ferait perdre beaucoup de terrain cultivable. Et ensuite, il ne faut pas oublier que les lapins ça pisse beaucoup. C’est très bien de leur faire des terriers cimentés : mais s’il n’y a pas un écoulement, ils vont crever comme des mouches. C’est pour ça que moi, à votre place, je creuserais les terriers à flanc de coteau : avec quatre trous dans le ciment, au fond, ils resteront au sec : donc les terriers sur le coteau. Mais lequel des deux ? Sûrement pas celui de droite : il est au nord. Pas de soleil, et le mistral, tandis que celui de gauche est en plein midi, et à l’abri du vent. Qu’est-ce que vous en pensez ? »

Jean Cadoret trouva ces raisons excellentes, et Ugolin, pour plus de sûreté, déclara qu’il viendrait le lendemain l’aider à planter les jalons.

Puis, ils choisirent une assez longue terrasse pour le jardin potager, le vallon étant réservé à la courge miraculeuse. Enfin, après avoir trinqué une dernière fois, Ugolin remit le mulet aux brancards, la charrue sur la charrette, et s’en alla au clair de lune, suivant l’attelage.

Ils le virent s’éloigner, sur le chemin bordé de romarins en fleur : les mains dans les poches, il dansait.

Depuis ce jour-là, Aimée le considéra comme un saint : mais la petite fille ne lui permit jamais de la toucher. D’ailleurs, il n’essayait même plus : il en avait peur.



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