Je ne sais pas quoi faire des gentils Blancs by Brit Bennett

Je ne sais pas quoi faire des gentils Blancs by Brit Bennett

Auteur:Brit Bennett [Bennett, Brit]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai
ISBN: 9782746746909
Google: 4O0StQEACAAJ
Éditeur: Autrement
Publié: 2018-02-26T23:00:00+00:00


Le cri de guerre de l’androïde

Les Noirs ne peuvent pas voyager dans le temps. Tous les comiques ont une plaisanterie à ce sujet.

Dans un épisode du mois de juillet du podcast de BuzzFeed, Another Round, les animateurs Tracy Clayton et Heben Nigatu jouent à un jeu qui, expliquent-ils en plaisantant, a clairement été inventé par des Blancs car une multitude de questions concernent le voyage spatio-temporel. « Seuls les Blancs aiment le voyage dans le temps », affirme Nigatu. Dans un de ses numéros, sur scène, Louis C.K. qualifie le voyage dans le temps de privilège exclusivement réservé aux Blancs. « Ça montre bien comme c’est super d’être blanc, dit-il. Je peux m’installer dans une machine à remonter le temps et retourner dans n’importe quelle époque, ce sera absolument génial quand j’arriverai ! » Un sketch récent de MTV Decoded imagine que, dans une version noire de Retour vers le futur, la DeLorean n’aurait jamais quitté le parking du centre commercial. « 1955 ? demande un Marty McFly noir. Vous savez quoi, doc ? Je crois que je suis mieux ici. »

Ces plaisanteries me font rire, même si leur postulat est accablant : une vision de la négritude où la souffrance est permanente et inévitable. Nous pouvons imaginer un monde fantastique dans lequel on peut voyager dans le temps, mais nous ne pouvons pas concevoir une seule époque dans le passé, ou même dans l’avenir, où les Noirs peuvent vivre libres. Selon ce raisonnement, le présent est ce que les Noirs ont connu de mieux, et peut-être ce qu’ils connaîtront de mieux.

C’est dans cette perspective déprimante que débarque Janelle Monáe. Monáe m’a captivée pour la première fois avec son clip de 2010, Tightrope, où dans le décor sinistre d’un asile d’aliénés tristement célèbre la chanteuse, smoking et banane, danse comme James Brown sur des cuivres funky. Si son univers sonore et son image tendent vers la soul classique, sa musique renferme une mythologie qui regarde vers l’avenir. Son EP Metropolis et ses albums The ArchAndroid et The Electric Lady s’intéressent à Cindi Mayweather, une androïde vivant en l’an 2719 qui tombe amoureuse d’un humain et est condamnée à être démontée. Cindi réapparaît ensuite sous les traits de l’ArchAndroid, une figure messianique qui incarne l’espoir d’une libération de tous les androïdes, un jour ou l’autre. L’ampleur et les multiples facettes du récit le rendent parfois difficile à suivre, mais le monde futuriste qu’elle invente fait écho au nôtre. « Quand je parle de l’androïde, il s’agit de l’autre, a-t-elle confié au journal LGBT Between the Lines. On peut établir un parallèle avec la communauté homosexuelle, la communauté noire, les femmes. » Dans l’esprit de Monáe, l’androïde – mi-humain, mi-robot, jamais totalement l’un ou l’autre – représente les laissés-pour-compte. Visiter le monde futuriste de Metropolis, c’est rencontrer des personnages confrontés à la discrimination, mais aussi imaginer leur libération.

Dans des interviews, Monáe s’identifie souvent au personnage de Cindi Mayweather, visiteuse d’une autre planète. (Interrogée sur sa sexualité dans Rolling Stone, elle a refusé de se coller une étiquette, affirmant qu’elle sortait seulement avec des androïdes.



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