Histoires vraies - 1 by Bellemare Pierre

Histoires vraies - 1 by Bellemare Pierre

Auteur:Bellemare, Pierre [Bellemare, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Enquêtes
Éditeur: Editions 1
Publié: 1981-01-01T21:00:00+00:00


L’inspecteur Narborough est ce que l’on appelle un « fin limier » de Scotland Yard. Poliment mais fermement, il a réuni autour du cadavre les habitants du château, Sir Marmaduke compris.

Le vieux duc a la nausée. Le jardinier tremble, le domestique détourne les yeux. Seules la cuisinière et la femme de chambre observent le cadavre avec une relative curiosité.

L’inspecteur s’adresse à la cantonnade :

« Connaissez-vous cette jeune fille ? »

Non, personne ne la connaît.

Il se penche alors dans l’herbe et saisit délicatement une petite sacoche, glissée sous la tête de la jeune fille. Il fouille, et en tire un livre, puis un mouchoir, un poudrier, un bâton de rouge à lèvres, et enfin un portefeuille. Le portefeuille contient quelques billets et une carte d’identité.

« Miss Joan Woodhouse, bibliothécaire à Londres, célibataire, au numéro 26, Park Road. »

Un nom, un métier, une adresse sur un cadavre le rendent encore plus mort, si la chose est possible. Il y a là quelque chose d’irrémédiable, qui fut et ne sera plus.

Joan était belle. Une semaine de séjour dans l’herbe, en plein été, l’a rendue insupportable à regarder.

Sir Marmaduke demande l’autorisation de se retirer. Autorisation que l’inspecteur lui refuse momentanément.

« Donc vous ne connaissez pas cette jeune fille, et pourtant elle a été étranglée presque sous vos fenêtres. Etranglée et peut-être violentée. »

Avant même que le duc proteste, le médecin légiste rectifie :

« Violentée, non, inspecteur. Peut-être y a-t-il eu tentative, mais elle n’a pas abouti ; en tout cas, la chose est visible à l’œil nu. D’autre part, je vous ferai remarquer que cette jeune fille s’est très certainement déshabillée seule. Ses vêtements sont soigneusement pliés à côtés d’elle et empilés. Regardez : au-dessus, la lingerie, puis une combinaison de soie, puis un chemisier, puis une jupe. Les chaussures sont également rangées au pied de l’arbre. »

L’inspecteur doit reconnaître en effet qu’il n’y a là rien du désordre habituel, en cas d’agression par un sadique. Mais il n’a pas coutume de se laisser prendre aux apparences.

« L’assassin a pu faire une mise en scène pour détourner les soupçons. Par exemple faire croire à une rencontre amoureuse, qui se serait terminée par un accident lamentable. J’imagine très bien la chose. Elle est d’accord, puis se refuse. L’homme s’énerve, et l’étrangle. C’est alors qu’il la déshabille et range soigneusement les affaires à côté d’elle. Qu’en pensez-vous, Sir Marmaduke ? Et vous, Stilwell ? Et vous, Ronald ? »

Cette fois encore le médecin légiste intervient, de sa voix tranquille, habitué aux mystères de la mort qui n’en sont plus pour lui.

« Erreur, Inspecteur. Une femme qui se déshabille dans la nature empile ses vêtements dans l’ordre que je viens d’indiquer, de manière à pouvoir les enfiler très rapidement au cas où elle serait surprise. C’est le cas. J’ajouterai qu’il y a là un vêtement supplémentaire, qui n’a pas été plié, lui. Il s’agit du châle que voilà. La morte est allongée dessus.

— Et alors ?

— Eh bien ce châle est grand, et si l’on rabat les deux côtés, il dissimule immédiatement le corps.



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